Funérailles des 6 martyrs

Attaques turques contre le Rojava (MAJ régulières)

Déc 27, 2023A la une, Actualités

La Turquie a lancé une nouvelle série d’attaques sur le Rojava dans la nuit du 23 au 24 décembre. Elles sont menées via des bombardements aériens par des avions de chasse et des drones. Comme lors des attaques du 4 au 10 octobre dernier, elles ciblent particulièrement les infrastructures civiles : stations de production de gaz, puits de pétrole, usines et sites de production économiques essentielles.

Dans cet article, nous essaierons de publier les bilans quotidiens, venant de sources d’informations sur le terrain comme Firat News ou le Rojava Information Center, ainsi que toute mise à jour qui nous parvient.

Bilan et analyse des attaques

La phase intensive des bombardements commencée le 23 décembre semble terminée, mais la guerre de basse intensité de l’État turc contre le Rojava et le mouvement de libération du Kurdistan continue.

Le 23 décembre, suite à une défaite militaire et politique infligée par la guérilla kurde au Bashur (Sud du Kurdistan – Irak), l’Etat turc a lancé une vague de bombardements sur l’Administration autonome au Rojava, via des avions de guerre et des drones, au cours d’une nouvelle phase d’intensification de la guerre, qui a duré du 23 au 26 décembre.

L’armée turque a ciblé en très grande majorité des infrastructures civiles, afin de déstabiliser économiquement la région, répandre la terreur dans la population et s’attaquer à ce que ces infrastructures représentent : les réussites de la révolution.

De nombreux lieux ont été la cible des bombardements turcs, qu’on dénombre à plus de 50 :
– infrastructures médicales : la clinique de santé, en activité, de Mishtenur a Kobanê a été partiellement détruite, le centre de dyalise et de production d’oxygène médical de Qamishlo a été partiellement détruit
– infrastructures énergétiques : une station-service, plusieurs sites de stockage de pétrole, les champs pétroliers de Saida et d’Odeh, la centrale électrique de Sabia ont été endommagés
– sites de production : de nombreuses usines et ateliers ont été frappés et détruits (l’imprimerie spécialisée dans les livres scolaires Sîmav, une cimenterie, un garage et plusieurs sites de production du bâtiment)
– sites agricoles : une usine de transformation de lentilles, une usine de coton, des silos de grains, une usine de production d’huile d’olive, un élevage de poulets et une ferme ont été ciblés
– plusieurs maisons civiles ont été la cible de frappes ainsi qu’une cafétéria.
– une dizaine de check-points des Asayish ont été détruits dans des frappes dans plusieurs régions (Kobanê, Amudê, Qamishlo…)

Ces attaques ont en tout fait 10 martyrs :
– Ferhan Xelef, Bêrîvan Mihemed, Hisên Ehmed et Ryad Hemo ont été tué-es lors du bombardement de l’imprimerie Sîmav où ils travaillaient. Ciwan Eli, blessé lors de ce bombardement, a ensuite perdu la vie alors qu’il était traité à l’hôpital.
– Rênas Hisên est tombé martyr dans le bombardement de l’usine d’aliments pour aliments de Cizrê.
– Ferhan Temê a été tué lors du bombardement de l’usine du district d’Eleya à Qamishlo.
– Aya Seawî est tombée martyre lors du bombardement de la cafétéria du village d’Um El Fursan, près de Qamishlo.
– Farid El Faris, blessé lors du bombardement de Qamishlo, est décédé de ses blessures.
– Mansour Karimian, artiste et producteur de séries est aussi tombé martyr lors des bombardements de Qamishlo.
On dénombre au minimum plus d’une trentaine de blessé.e.s. 

Les effets des bombardements sur la population sont nombreux :

– A cause des bombardements, dans les cantons de Cizrê, Firat et Afrin-Sehba, 712 écoles ont suspendu l’enseignement et plus de 90 000 élèves ont été privé.e.s d’éducation. L’imprimerie Sîmav, qui a été bombardée et détruite, fournissait des livres pour 800 000 élèves dans plus des 4 400 écoles de la région.
– Les frappes sur les centrales électriques, stations et infrastructures pétrolières ont coupé l’électricité dans plus de 9 villes et 2 500 villages.
– A Qamishlo, les frappes sur la structure hospitalière ont détruit le système qui permettait de fournir de l’oxygène aux hôpitaux publics de la région et de produire plus de 300 bonbonnes d’oxygènes par jour.

Ces attaques ont impacté la situation sanitaire et humanitaire de l’Administration autonome que ce soit au niveau des soins, de l’alimentation ou de l’énergie. Une précédente phase intensive de bombardements, début octobre, avait déjà énormément fragilisé les infrastructures. Entre le 4 et le 10 octobre, plusieurs centaines de frappes aériennes avaient visé de très nombreux cantons et régions : Qamishlo, Dêrîk, Hesekê, Eyvn Îsa, Kobanê, Manbij et Sehba-Efrin. La très grande majorité des cibles étaient là encore civiles : habitations, villages, infrastructures d’énérgies et agricoles, lieux de formation comme une acamédie des Ayasish. A la suite de ces attaques, plus de 47 citoyen.ne.s, dont 2 enfants et 29 membres des Asayish, sont tombé.e.s. 59 personnes y avaient été blessé.e.s. En tout, les dégats matériels avaient été estimés à plus d’1 milliard 270 millions de dollars.

Ces attaques ont pu être en partie arrêtées par l’effort combiné de l’immense courage de la population sur place qui s’est mobilisé pour la défense de ses infrastructures en les protégeant de leurs corps, de la solidarité internationale qui s’est manifestée à de très nombreux endroits en Europe ainsi que par la riposte militaire des Forces démocratiques syriennes qui ont attaqué ces derniers jours des bases militaires turques dans la nord de la Syrie, à Manbij notamment.

Néanmoins, l’arrêt de cette phase intensive ne signe pas la fin de la guerre que mène l’État turc contre les régions libérées ou organisées par la révolution : Administration autonome (Rojava) et monts Qandil (Basur – Nord de l’Irak), région des Yézidi.e.s de Shengal (Nord de l’Irak), camp de réfugié.e.s de Makhmour (Irak). Elle entre juste dans sa phase “normale” : celle d’une guerre de basse intensité, pas moins violente mais plus diffuse.

Celle-ci comprend des assassinats et bombardements ciblés. On pense ainsi très récemment au bombardement au Rojava le 30 décembre de plusieurs villages dans le district d’Ein Isa du canton de l’Euphrate et dans le district de Shera a Efrin, à celui le 29 décembre du village de Gelale, ou bien le 28 décembre qui a eu lieu dans la région de Kora Simoqya à Shengal (Nord de l’Irak, Kurdistan du Sud) et qui a tué 5 ouvriers qui foraient de l’eau. Ces attaques sont meurtrières, ponctuelles et ciblées.

Ces attaques visent ainsi des infrastructures, la population, des zones stratégiques ou des personnes spécifiques. Cela se traduit autant par des attaques de drones que des incendies de récoltes. Ainsi, en 2023, en dehors des 2 vagues de bombardements intensifs, la Turquie a mené 90 frappes de drone, causant plusieurs dizaines de victimes.
Elle mène aussi de nombreux assassinats ciblés, comme celui dernièrement de Ronî Welat, commandant des Forces démocratiques syriennes et figure clé des échanges diplomatiques et de dialogue entre l’AANES et les chefs tribaux de Deir ez-Zor. Le MIT (services secrets turcs) ont revendiqué son assassinat, le 5 décembre, au moyen d’un dispositif explosif. Un drone turc avait aussi assassiné le 20 juin dernier la co-présidente du Conseil du canton de Qamishlo, Yusra Muhammad Darwish, ainsi que Leyman Shiweish, sa vice co-présidente et leur chauffeur, Furat Toma.

Ainsi, l’arrêt des bombardements “spectaculaires” comme on a pu le voir durant les séquences 4-10 octobre et 23-26 décembre ne signent donc pas une trêve temporaire, juste une modification des modalités de la guerre.

Cette guerre se définit notamment par 3 grandes caractéristiques : c’est une guerre de basse intensité, couplée et hybride.

Une guerre de basse intensité : tout en évitant l’attention médiatique et diplomatique qu’attire une campagne d’invasion ou de bombardements, la Turquie mène des frappes de drone régulières, des bombardements d’artillerie quotidiens le long des frontières des zones occupées ou encore des opérations de propagande médiatiques.
Une guerre couplée : en parallèle de l’utilisation de ses forces armées conventionnelles, l’Etat turc a recours à des proxys, des forces armées non-étatiques agissant par procuration. Celles-ci sont regroupées au sein de l’Armée nationale syrienne (ASN) et jouent le rôle de mercennaires de la Turquie dans les zones occupées où elles pillent, éxecutent, violent la population civile restée sur place et attaquent les zones sous contrôle des Forces démocratiques syriennes.

Une guerre hybride : au niveau militaire, la Turquie utilise autant les armes régulières que non-conventionnelles (comme des armes chimiques). Mais cela englobe aussi de très nombreuses dimensions qui deviennent autant de champs de bataille : politique, économique, diplomatique, médiatique.

Au niveau économique, l’État turc fait tout ce qui est en son pouvoir pour affamer, appauvrir, rendre dépendant économiquement ces zones et empêcher l’autonomie économique des régions libérées. Il vise ainsi tout ce qui permet à l’Administration autonome d’assurer son autonomie alimentaire et énergétique. Depuis 2018, à Afrin, les supplétifs de l’État turc déracinent les oliviers (principale source de revenu de la population) pour les revendre ensuite en Turquie ou produisent à leur compte l’huile et le savon (une partie du fameux “savon d’Alep”) qui faisaient la richesse du territoire. L’État turc mène aussi une guerre de l’eau contre ces régions. Traversé par les grands fleuves du Tigre et de l’Euphrate, la Turquie a mené depuis les années 1960 une vaste politique d’aménagement et de construction pour s’en assurer le contrôle. Ces très nombreux barrages lui permettent ainsi de contrôler le débit pour les différents bassins versants qui s’étendent en Syrie, Irak et Iran. Cela lui permet par exemple de réduire énormément le débit du fleuve pour rendre tout projet agricole dans l’Administration autonome du Nord et de l’Est de la Syrie extrême difficile. Cela lui permet aussi de faire pression sur les autres États pour pouvoir mener sa politique à bien, par exemple lui permettant d’intervenir militairement contre les régions libérées et contre le mouvement de libération du Kurdistan.

Enfin, l’État turc se sert des outils diplomatiques et politiques à la fois pour continuer sa guerre militaire sans être inquiété mais aussi en les utilisant comme des outils au sein de la guerre. Dans le contexte de tensions croissantes entre l’OTAN et la Russie en Europe de l’Est, la Suède a ainsi fait une demande pour rejoindre le bloc atlantiste. La Turquie, 2nde force militaire de l’OTAN, s’y est opposée pour y imposer ses conditions. La Suède accueille une partie de la diaspora kurde et de nombreux.euses exilé.e.s politiques ou militant.e.s du mouvement de libération. L’État turc a ainsi instrumentalisé la situation géopolitique pour faire avancer ses pions dans sa guerre contre le mouvement de libération et les régions libérées. Ainsi, alors même que l’armée turque bombardait des civils, des habitations et des lieux de travail, l’État turc conditionnait et donnait son approbation de l’adhésion de la Suède à l’OTAN en négociant à la fois le silence de la communauté internationale de même qu’une répression plus dure de la Suède vis-à-vis de la diaspora kurde, au nom de l'”anti-terrorisme”, via par exemple des extraditions vers la Turquie. Cet exemple récent nous montre à la fois comment la politique extérieure de la Turquie est pensée en partie comme une continuité de la guerre militaire mais aussi constitue une partie de la guerre générale menée contre le Mouvement de libération du Kurdistan partout dans le monde. Il nous rappelle aussi que l’OTAN et les puissances impérialistes seront toujours des ennemis des mouvements révolutionnaires en général et du Mouvement de libération du Kurdistan en particulier, malgré des discours et appuis circonstanciels quand cela sert leurs intérêts politiques internationaux ou intérieurs.

Si vous voulez poursuivre votre lecture :

-la brochure de RiseUp4Rojava et du Secours Rouge International “Reconnaitre une guerre quand on voit une. A propos de la guerre de basse intensité du fascisme turc contre les régions libérées du Kurdistan” – https://serhildan.org/wp-content/uploads/2022/07/Reconnaitre-une-guerre-quand-on-en-voit-une-Secours-rouge-2020.pdf
-l’article publié par Ballast et notre site, rédigé par Camille Marie, géographe, et Loez, journaliste : “Guerre de l’eau et des mémoires au Kurdistan Nord” – https://serhildan.org/guerre-de-leau-et-des-memoires-au-kurdistan-nord/

26 décembre

Le 26 décembre, l’Etat turc a continué ses frappes sur des zones déjà visées et en a attaqué 21 nouvelles. Elles ont touché ainsi des entrepôts de céréales et des silos à grain dans le district de Girkê Legê à Qamishlo et ont surtout visé de nombreux postes de contrôle des Asayish, 10 en tout dans les régions de Qamishlo, Kobanê et Amude.
 
Mais quand on dit que l’État turc cible des infrastructures ou des forces de défense, il est important de comprendre leur rôle et leur place dans la révolution.

Qui sont les Asayish ?

Les Asayish sont les unités de protection et de sécurité au quotidien. Ils et elles s’inscrivent dans le nouveau système de justice et de sécurité créé au cours de la révolution basé sur une justice de proximité, fédéraliste et ayant incorporé une politique de résolution non-violente des conflits et les perspectives proposées par la révolution des femmes.
 

Les Asayish sont des unités mixtes qui s’occupent notamment de la protection des bâtiments publics, des postes de contrôle, et agissent de concert avec les autres composantes des forces de sécurité civile. Ils et elles jouent un rôle très important aussi dans la lutte contre l’État islamique au quotidien ainsi que celle contre la drogue.

Cette lutte contre la drogue est à comprendre dans l’utilisation contre-révolutionnaire qui en est faite par l’État turc. Celle-ci est répandue et favorisée afin de briser les corps, la jeunesse, ainsi que toutes les structures de solidarité des peuples en lutte. Cette doctrine de la drogue comme outil de contre-insurrection est une arme classique des États impérialistes : utilisé notamment aux États-Unis contre les populations noires, aux Philippines, elle l’est aussi au Kurdistan du Nord (Bakur) par l’Etat turc à partir des 1990.

En 2021, le mouvement de jeunesse du HDP avait ainsi lancé une grande campagne contre la consommation de stupéfiants dans plusieurs grandes villes du Kurdistan.
 
Les Asayish s’inscrivent aussi dans cette mission et sont un acquis de la révolution. C’est la raison pour laquelle l’État turc les a visé le 26 décembre, comme ils le font depuis longtemps. Les attaques du 26 décembre contre 10 postes de contrôle font ainsi écho à la campagne de bombardements turcs d’octobre dernier, avaient frappé une Académie de formation des Asayish. 29 étudiants y étaient tombés martyrs et une trentaine avaient été blessé.e.s.

 

Par ailleurs, l’Etat turc s’est attaqué lors des frappes des derniers jours comme lors de l’offensive d’octobre à de nombreuses infrastructures qui composent le système agricole de l’Administration autonome : silos a grain, industries agro-alimentaires, etc.

Ces attaques ont comme but direct la déstabilisation de la région. Mais il faut aussi avoir une chose importante en tête : en 2023, pour la première fois, le système productif agricole de l’Administration autonome avait réussi non seulement à atteindre l’autonomie alimentaire pour les céréales pour l’année en cours mais aussi à constituer des réserves pour les prochaines années.

Cela constitue des signes d’une réussite de la politique menée au niveau confédéral. Une preuve de la réussite de la révolution et de la viabilité de ce système. Ainsi, s’attaquer à ces entrepôts et silos, de même qu’aux Asayish et à toutes les infrastructures qui permettent la vie quotidienne au Rojava n’est ni anodin, ni ne vise seulement à déstabiliser la région qui se retrouve ainsi dans une situation de crise humanitaire. Ce sont des attaques directes aux preuves de la réussite de l’Administration autonome et de la révolution au Rojava, des attaques contre ce que représente cette révolution au Moyen-Orient et dans le monde.

25 décembre

Le 25 décembre, l’Administration autonome avait fait l’objet en tout de 40 bombardements (7 avec des avions de guerre, 33 avec des drones), visant de nombreuses infrastructures civiles dans les régions notamment de Qamishlo et Kobanê.

Parmi les principales cibles : des habitations, entreprises dont une imprimerie de livres scolaires (qui fournissait des livres pour 800 000 élèves dans plus des 4 400 écoles de la région),
un hôpital de Qamishlo, des infrastructures énergétiques, des usines à grain et des industries alimentaires (pour la nourriture des animaux, des entreprises d’huile d’olive, …).


A Qamishlo, la frappe sur la structure hospitalière a détruit le système qui permettait de fournir de l’oxygène aux hôpitaux publics de la région et produire plus de 300 bonbonnes d’oxygène par jour.

 

8 citoyen.ne.s sont tombé.e.s martyr.e.s et on dénombre plus de 30 blessé.e.s pour le moment. 9 villes et 2 500 villages se sont retrouvés sans électricité.

Déclaration de l’assemblée populaire du Parti de l’Union Démocratique (PYD)

Pour le PYD, l’État turc occupant a été vaincu politiquement et militairement. Il s’est donc transformé en un État terroriste et a attaqué de manière barbare la région du Rojava en prenant pour cible les infrastructures sous les yeux du monde entier

“Il s’agit d’une attaque génocidaire, une attaque contre les peuples kurde, arabe, assyrien, assyrien, turkmène, circassien et arménien. Elle est contre toutes les religions, contre la vie et l’avenir communs. Elle viole toutes les lois humanitaires et de la guerre.

Le silence [de la Coalition internationale (dont la France fait partie)] face à ces attaques signifie que vous êtes responsable des conséquences de ces attaques. C’est pourquoi nous vous appelons à mettre fin à votre silence sur le meurtre de nos enfants et à faire preuve de l’attitude nécessaire.”

24 décembre

Hier soir, des avions militaires turcs ont frappé les champs pétroliers de Saida et d’Odeh, la centrale électrique de Sabia et une usine près de Tirbespi. Il n’y a pas trois mois, un ciblage délibéré similaire des infrastructures essentielles a laissé le canton de Jazira dans la NES sans eau, électricité et carburant.

Le bombardement turc du champ pétrolier d’Odeh a blessé un civil, Hussein Hamza Saadoun. Des pannes de courant ont jusqu’à présent été signalées dans les villes et villages autour de Tirbespi, Cil Axa et Derik. Selon l’Office de l’énergie de l’AANES, plusieurs sous-stations électriques ont été mises hors service, car les frappes aériennes turques ont stoppé la production de pétrole et de gaz nécessaire à leurs turbines.

Le ministère turc de la Défense a déclaré que les attaques avaient été menées contre des cibles « qui étaient considérées comme contenant des terroristes » afin « d’assurer la sécurité de nos frontières » et qu’elles étaient « conformes à nos droits d’autodéfense découlant de l’article 51 de la charte de l’ONU”. Les personnalités politiques de la NES ont rejeté ces affirmations, soulignant les dégâts causés aux infrastructures civiles.  Fawza Youssef, du Parti de l’Union démocratique (PYD), a déclaré que la Turquie “veut éliminer les nécessités de la vie en NES ; l’objectif est de frapper l’administration autonome démocratique”.

L’AANES a déclaré que la Turquie « visait à instaurer la stabilité et à créer le chaos » et a appelé « toutes les forces désireuses d’atteindre et de maintenir la stabilité, ainsi que toutes les parties actives dans la lutte contre l’EI et le terrorisme, à prendre des positions dissuasives contre ces attaques injustifiées ».

 

Pour quelles raisons l’État fasciste turc a relancé l’offensive contre le Rojava ?

Les montagnes du Bashur (Kurdistan du Sud – Nord de l’Irak) sont le théâtre depuis depuis plus d’un an et demi d’affrontements entre l’armée turque et les zones de résistance de la guérilla dans le cadre de l’Opération Claw-Lock lancée le 17 avril 2022 par l’Etat turc. Cette opération vise pour l’Etat turc à “sécuriser” et “neutraliser” la zone, soit à écraser la guérilla du mouvement de libération du Kurdistan qui représente une menace directe pour le fascisme turc. Sur le terrain, cette opération s’est traduite par des bombardements, une occupation militaire et colonial ainsi que l’utilisation d’armes chimiques, contraire au droit international, comme le 18 octobre 2022 dans la région de Zap où 18 combattant-es étaient tombé.e.s martyr.e.s à cause de leur utilisation.

Le 22 décembre dernier, la guérilla du HPG (Forces de Défense du Peuple) a mené une opération contre deux positions militaires turques à Xakurkê et Métina dans le cadre de l'”opération révolutionnaire du martyr Ahmed Rubar” du nom d’un combattant tombé martyr le 22 mai 2022. Dans des conditions météorologiques dures dues à l’hiver, ces opérations ont été victorieuses. La guérilla kurde a réussi à prendre ces positions, occasionnant de nombreuses pertes dans les rangs de l’armée turque (36 soldats selon les informations de la guérilla). Dans les montagnes et en hiver, la guérilla a ainsi réussi à mettre en déroute la Turquie, 2e armée de l’OTAN. Cela représente un affront pour l’Etat turc et une défaite dans le cadre de l’opération Claw-Lock et de leur stratégie. Cette réalité, l’Etat turc veut la cacher à tout prix.

Il minimise ainsi le nombre de victimes de leur côté en annonçant 6 morts et plusieurs blessés tandis que les HPG ont déjà communiqué les noms de 16 de ces combattants, et tente de garder ces pertes secrètes le plus longtemps possible. Ou tout du moins, le temps d’organiser des représailles et de communiquer dessus pour ne pas perdre la face.

C’est donc dans ce contexte que l’État turc a lancé hier soir une série de bombardements sur de nombreux sites de l’AANES (Rojava), par des avions, des drones et de l’artillerie.