25 féminicides politiques,
25 camarades toujours dans nos luttes

Soeurs Mirabal (1924,1925 et 1935 – 1960)

 

Militantes socialistes et féministes
Assassinées par la dictature de Trujillo
République dominicaine, 25 novembre 1960

Patria, Minerva et Maria-Teresa Mirabal,surnommées les sœurs Mariposas sont des militantes socialistes et opposantes à la dictature de Trujillo en République Dominicaine.

Très actives dans le mouvement antitrujillista, elles créent en 1960 avec d’autres militant-e-s le Mouvement Révolutionnaire du 14 Juin, d’inspiration socialiste et anti-impérialiste qui souhaite renverser la dictature en place. Las Mariposas sont de plus en plus populaires et deviennent un symbole de la révolution pour le peuple.

Au-delà d’avoir humilié le dictateur – Minerva refuse systématiquement ses avances – elles représentent une menace pour ce dernier qui décide de se débarasser des trois soeurs.

Le 25 novembre 1960, sur le chemin de la prison où sont détenus leurs maris, elle sont mutilées et exécutées par les services secrets militaires et leur assassinat est maquillé en accident de la route.

 

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Titina Silá (1943-1973)

 

Militante de l’indépendance de la Guinée-Bissau
Assassinée par les forces coloniales portuguaises
Rio Farim, 30 janvier 1973

Titina Silá est une figure révolutionnaire de la lutte pour l’indépendance de la Guinée-Bissau de la colonisation portugaise.

Infirmière et combattante, elle adopte le marxisme comme théorie de la lutte pour la libération, et la lutte armée comme méthode pour y parvenir. Elle rejoint la résistance populaire à l’âge de 18 ans et devient une figure emblématique du mouvement de la libération.

Après que les forces coloniales portugaises aient assassiné le leader du PAIGC, Amilcar Cabral, Titina et ses camarades tentent de se rendre a ses funérailles mais sont assassinés dans une embuscade mené par les forces coloniales le 30 janvier 1973.

Désormais, le jour de son martyre est celebré comme la Journée nationale de la femme en Guinée-Bissau en commémoration de ses actions.

 

Máire Drumm (1919-1976)

 

Militante indépendantiste d’Irlande du Nord
Assassinée par deux loyalistes anglais 
Belfast, 28 octobre 1976

Máire Drumm est une militante républicaine nord-irlandaise. Venant d’une famille d’indépendantistes irlandais elle grandit proche des militantes et s’en inspire.
Durant la période conflictuelle de 1969 à 1989 entre l’État britannique et les républicaines nord-irlandaises, Máire devient une figure importante de l’Organisation pour les droits civiques en Irlande du nord ainsi que la vice-présidente du Parti républicain Sinn Féin. Elle est aussi l’une des commandantes du Conseil des femmes irlandaises, le Cumann na mBan, une organisation paramilitaire féminine, active depuis 1916.

Máire est considérée par son peuple comme une avant-garde pour les femmes et les hommes, alors que l’État anglais voit en elle une révolutionnaire à faire taire.

En 1976, lors d’un court séjour à l’hôpital, elle est tuée par balles dans son lit par deux loyalistes anglais.

 

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Ulrike Meinhof (1934-1976)

 

Militante allemande de la Rote Armee Fraktion
Retrouvée morte en cellule d’isolement
Stuttgart, 9 mai 1976

Ulrike Meinhoff naît en Allemagne nazie et s’engage très jeune en politique. D’abord au Parti communiste allemand, alors illégal, elle lutte contre le réarmement de l’Allemagne et l’arme nucléaire. Elle se radicalise dans les années 1960, en participant entre autres à des actions de sabotage.

Elle rejoint la lutte armée clandestine à travers la RAF, une organisation de guérilla urbaine. La RAF adopte rapidement un discours internationaliste et développe des liens avec les organisations révolutionnaires palestiniennes.

En 1970, Ulrike part en Jordanie pour être formée par ces dernières. Elle est considérée par ses camarades allemand-e-s et palestinien-ne-s, comme étant la leadeuse de la RAF.

Elle est emprisonnée le 15 juin 1972 et placée à l’isolement. Le 9 mai 1976, elle est trouvée pendue dans sa cellule. Les autorités déclarent un suicide.

 

Meena Keshwar Kamal (1956-1987)

 

Militante socialiste et féministe afghane
Assassinée par un commando armé
Quetta, 4 février 1987

Meena Keshwar Kamal est une poétesse et militante afghane. Elle se donne pour mission de montrer aux femmes « qu’elles ne sont pas inférieures et qu’elles n’ont pas à obéir aux hommes ou à un gouvernement injuste. » Très active, Meena est une femme inspirante.

Elle fonde l’Association révolutionnaire des femmes en Afghanistan (RAWA). C’est une organisation de femmes luttant pour les droits humains et la justice sociale ainsi que pour leur liberté de parole. Elle lance aussi un magazine bilingue, Payam-e-Zan (Message de femmes), qui dénonce entre autre la nature criminelle des groupes fondamentalistes.

Dès 1979, elle se réfugie de temps en temps au Pakistan où elle créé des écoles pour les enfants réfugiés, un hôpital et des centres de confection artisanale pour les femmes réfugiées.

Elle est assassinée en 1987 dans sa maison. Les commanditaires présumés de l’assassinat sont des agents des services secrets afghans ou des fondamentalistes religieux. 

 

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Dulcie September (1935-1988)

 

Militante anti-apartheid sud-africaine
Assassinée sur ordre des services secrets de l’Apartheid
Paris, 29 mars 1988

Dulcie September est une militante anti-apartheid Sud-Africaine. Elle est arrêtée en 1963 pour ses activités militantes et passe 5 ans en prison. En 1973, elle quitte l’Afrique du Sud pour fuir le harcèlement du pouvoir ségrégationniste.

En 1976, elle devient permanente du Congrès National Africain (ANC), parti membre de l’internationale socialiste. Elle s’engage dans la Ligue des femmes de l’ANC et milite pour l’amélioration de la situation des femmes et de la jeunesse en Afrique du Sud.

Elle prend la direction du bureau de l’ANC à Paris en 1984 et oeuvre pour l’unité des mouvements de solidarité anti-apartheid afin d’obtenir l’application des sanctions internationales contre le régime sud-africain.

En 1988, elle est assassinée par des hommes de main alors qu’elle s’apprête à révéler les résultats de ses recherches sur les ventes d’armes françaises au régime de l’apartheid.

 

Marsha P. Johnson (1945-1992)

 

Militante pour les droits LGBTQ+
Retrouvée morte dans une rivière
New-York, 6 juillet 1992

Marsha P. Johnson est une figure du mouvement pour les droits des personnes LGBTQ+ aux États-Unis.

Femme trans et travailleuse du sexe, elle est visée par les lois de New-York qui interdisent et répriment violemment les dissidences sexuelles et de genres. Marsha participe au soulèvement de Stonewall en 1969.

Elle co-fonde en 1970 le collectif Street Transvestite Action Revolutionaries (STAR) qui organise des actions, des rassemblements mais aussi qui apporte du soutien direct aux personnes trans dans la rue. Marsha est considérée comme étant à l’avant-garde du mouvement de libération homosexuel aux États-Unis.

Le 6 juillet 1992, peu après la Gay Pride, son corps est retrouvé dans la Hudson River. La police conclut à un suicide sans prendre en compte les blessures retrouvées sur son corps.

 

 

Prison n5
Kurdistan : écologie, "jineolojî", syndicalisme

Nabila Djahnine (1965-1995)

 

Militante féministe amazigh d’Algérie
Assassinée par le régime religieux algérien
Tizi-Ouzou,15 février 1995

Nabila Jahnine est une militante amazigh algérienne. Elle donne sa vie pour la lutte féministe. 

Très impliquée dans le travail syndical, associatif et dans la lutte féministe des années 1980, elle fonde l’association féministe Tiɣri n Tmettut (Le cri de la femme) en 1990. Elle dénonce la violence du système patriarcal que l’État algérien met en place après l’indépendance, en particulier avec l’établissement de la loi de la famille de 1984, qui impose une autorité patriarcale sexiste sur la vie des femmes. 

Nabila est une grande figure de la résistance. Elle est aussi une menace et une voix rebelle contre les régimes répressifs, y compris le fanatisme religieux qui contrôle le pays dans les années 1990.

Assassinée le 15 février 1995 par le régime religieux, elle est un symbole de la lutte féministe révolutionnaire en Afrique du nord.

 

Andrea Wolf (1965-1998)

 

Féministe révolutionaire, guérillera
Assassinée et torturée par l’armée turque
Montagnes libres du Kurdistan, 23 octobre 1998

Andrea Wolf est très tôt active dans les scènes autonome, féministe et de gauche radicale en Allemagne durant les années 1980. Son intérêt pour les luttes de libération nationale et l’internationalisme la conduit à avoir des contacts avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

En 1996, elle décide de partir dans les montagnes libres du Kurdistan afin d’échapper à la répression en Allemagne. Elle rejoint l’Académie du PKK à Damas puis sa guérilla qui se bat contre l’occupation de l’armée turque sur ses terres. Là-bas elle prend le nom de Ronahî.

Le 23 octobre 1998, elle et d’autres guérilleras sont capturées par l’armée turque. Elles sont torturées et tuées.

Aujourd’hui Ronahî est une source d’inspiration pour beaucoup de femmes à travers le monde. Son nom est donné au premier institut de Jineolojî pour internationalistes au Rojava.

 

Prison n5

Razan Zeitouneh et Samira al-Khalil (disparues en 2013)

 

Militantes syriennes des droits humains
Disparues par le régime syrien
Douma, 9 décembre 2013

Samira al-Khalil et Razan Zeitouneh sont des défenseuses des droits humains en Syrie. Elles sont toutes les deux très engagées et cela bien avant la révolution de 2011 : Samira est emprisonnée quatre ans pour son appartenance à un parti de gauche communiste. Quant à Razan, avocate, elle défend les victimes du régime. Leur fort esprit de camaraderie fait l’unanimité autour d’elles.

Dès le début de la révolution en 2011, elles manifestent et s’attachent à relayer sur internet ce qui se passe. En avril 2013, elles s’installent à Douma, ville assiégée. Elles créent un Centre de documentation des violations pour préserver la mémoire des victimes et lutter contre l’oubli et l’impunité.  

La ténacité dont elles font preuve pour bâtir une Syrie libre dérange le régime de Bachar al-Assad mais aussi les islamistes. Elle sont enlevées dans leur appartement avec leurs deux camarades Wael Hamada et Nazim Hammadi en décembre 2013. Elles sont depuis lors disparues.

 

Berta Cáceres (1971-2016)

 

Militante écologiste du peuple Lenca
Tuée par balle par des hommes de main de l’entreprise DESA
La Esperanza, 3 mars 2016

Berta Cáceres naît dans la communauté lenca au Honduras en Abya Yala. Elle a consacré sa vie à la protection du fleuve Gualcarque menacé de destruction par les mégaprojets hydroélectriques dirigés par de grandes entreprises. Les droits du peuple autochtone Lenca sont aussi au cœur de son combat.

Berta fait partie de ces femmes qui en défendant leur territoire, défendent aussi leurs droits et leurs corps. En 1993, elle cofonde le Conseil civique d’organisations populaires et autochtones du Honduras (COPINH).

Berta lutte sans relâche pour la préservation de l’environnement. Son engagement est si puissant qu’elle reçoit des menaces et subit de nombreuses agressions. Pour autant, elle ne renonce pas.

Le 2 mars 2016, Berta Cáceres est abattue à son domicile par des hommes armés. Certains d’entre eux sont arrêtés, ils ont tous un lien avec l’État ou avec l’entreprise d’hydroélectricité DESA.

 

Prison n5

Hande Kader (1993 – 2016)

 

Militante trans pour les droits LGBTQ+ en Turquie
Assassinée et mutilée
Istanbul, 8 août 2016

Hande Kader est une femme trans et travailleuse du sexe turque.

En 2015, le président fasciste turc Recep Tayyip Erdogan interdit la Gay Pride, qui contredit son idéal d’une Turquie conservatrice et islamique. Malgré l’interdiction, Hande décide de descendre dans les rues d’Istanbul pour contester la décision du président. Une photo d’elle fait le tour du monde : elle se trouve face aux policiers les yeux plein de larmes à cause des gaz lacrimogènes, mais aussi les yeux plein de rage.

Elle se montre déterminée à défendre ses droits et ceux des siens. Hande devient une icône de la communauté LGBTQ en Turquie.

Le 8 août 2016, son corps est retrouvé mutilé, brûlé au bord d’une route dans un quartier d’Istanbul. À ce jour aucune enquête sérieuse n’a été menée pour retrouver les responsables de ce crime, rendant l’État turc de fait complice.

 

Macarena Valdés (1983-2016)

 

Militante écologiste mapuche
Assassinée par les milices des transnationales
Liquiñe, 22 août 2016

Macarena Valdés est une femme mapuche de la communauté Newen de Traguill de la commune de Panguipulli au Chili et une militante écologiste. Elle vit entourée de forêts, de rivières qu’elle défend ardemment.

Elle s’auto-forme sur de nombreuses chose dont la conservation alimentaire afin de garder les récoltes le plus longtemps possible, et elle transmet ces connaissances à sa communauté.

Elle dénonce les méfaits des barrages hydro-électriques, contrôlés par l’agence autrichienne RP Global, et notamment celui qui menace ses terres. Le 1er août 2016, Macarena est à la tête des manifestations contre ce grand projet, et devient dès lors la cible de l’entreprise transnationale.

Le 22 août 2016, Macarena est retrouvée par un de ses fils pendue à son domicile. La police conclut à un suicide, alors qu’une seconde autopsie prouve qu’elle a bien été assassinée.

 

Prison n5

Marielle Franco (1979-2018)

 

Militante politique et féministe brésilienne
Assassinée par balles
Rio de Janeiro, 14 mars 2018

Marielle Franco est une militante féministe et défenseuse des droits humains brésilienne. Après ses études, elle devient membre du Parti socialisme et liberté (PSOL), une union de différents partis de gauche et d’extrême-gauche brésilienne

En 2016, lors de son premier mandat en tant que conseillère à la Chambre municipale de la ville de Rio de Janeiro, elle articule les discussions autour des favelas, du genre, de la négritude et des droits LGBTQ+.

Elle naît et vit dans la favela de Complexo da Maré, ce qui oriente très vite son discours politique. Elle milite publiquement contre les actions violentes faites par la police dans les favelas, et contre le système de mafia.

Elle est tuée par balles le 14 mars 2018 avec son chauffeur. Une enquête prouve que les balles utilisées proviennent de la police fédérale de Brasilia.

 

Hevrîn Xelef (1984-2019)

 

Militante politique kurde syrienne
Assassinée et mutilée par les milices de l’État turc
Hêsêkê,12 octobre 2019

Hevrîn Xelef grandit dans une famille de sympathisants du mouvement de libération du Kurdistan et côtoie dès son plus jeune âge ces militantes.

Après ses études à l’université d’Alep et la révolution de 2012, elle devient membre de l’Administration autonome du nord et de l’est de la Syrie (AANES) et co-préside dès 2018 le tout nouveau Parti Avenir de la Syrie, crée à Raqqa.

Ce dernier lutte pour une union démocratique en Syrie basé sur la démocratie directe, décentralisée et plurielle. La question de l’autodétermination des femmes est centrale pour Hevrîn et elle appelle continuellement les femmes de la région du Rojava et de l’ensemble de la Syrie à s’organiser et à développer leurs propres structures.

Elle est assassinée et son corps mutilé le 12 octobre 2019 lors de la dernière guerre d’invasion de la Turquie au Rojava / Syrie du nord et de l’est par la faction militaire Ahrar Al-Charkiya, envoyée et entraînée par l’armée turque.

 

Prison n5

Zara Alvarez (1981-2020)

 

Militante des droits humains philippine
Assassinée par balles
Bacolod, 17 août 2020

Zara Alvarez est une militante philippine pour les défense des droits humains. Elle mène des campagnes contre les violations des droits humains pendant la période de la présidence de Rodrigo Duterte.

Elle participe en tant qu’assistante juridique à mettre en lumière des cas de violation des droits humains sur l’île de Negros auprès du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies. Elle est bénévole pour l’organisation de défense des droits humains Karapatan et responsable du plaidoyer pour le Programme intégré de santé de l’île de Negros.

En 2018, l’administration de Duterte l’inscrit dans une liste officielle de terroristes afin de la faire taire. Elle est détenue par la police nationale philippine pendant 2 ans, jusqu’en 2020.

Le 17 août 2020, elle est assassinée par balles à Bacolod.

 

Karima Baloch (1983 – 2020)

 

Militante indépendantiste balotche
Assassinée par les services secrets pakistanais
Toronto, 22 décembre 2022

Karima Baloch est une militante indépendantiste baloutch née au Pakistan. Son activisme en faveur des droits humains commence dès 2005 dans les manifestations contre les disparitions forcées dans les régions baloutch.

Par la suite, elle rejoint l’Organisation étudiante baloutch, et en devient la présidente en 2015. Elle est un modèle pour de nombreuses femmes baloutch qui se rallient à l’organisation étudiante. Karima organise des campagnes de sensibilisation sur les droits baloutch à travers tout le pays, ainsi que des manifestations de protestations contre l’occupation de l’état pakistanais.

Son engagement politique l’oblige rapidement à devoir quitter son pays en 2015. Exilée au Canada, elle poursuit son activisme pour son peuple, et continue à être une menace pour l’État pakistanais.

Après avoir été portée disparue pendant 2 jours, elle est retrouvée noyée près de Toronto le 22 décembre 2020. Ses camarades ont attribué la responsabilité de l’assassinat aux services secrets pakistanais.

 

Prison n5

Shireen Abu Aqleh (1971-2022)

 

Journaliste palestinienne
Tuée par balle par l’armée israélienne
Jénine, 11 mai 2022

Shireen Abu Aqleh est une journaliste palestinienne connue et reconnue au Moyen-Orient et dans le monde entier.

Elle travaille pour la chaîne Al-Jazeera et pendant plus de 25 ans, elle se consacre entièrement à son métier : elle se rend sur toutes les zones de conflits israélo-palestiniens, elle couvre les funérailles de palestinie-ne-s tué-e-s par les forces israéliennes.

Alors qu’elle se trouve dans le camp de Jénine, bastion des factions armées palestiniennes, Shireen est assassinée le 11 mai 2022 par l’armée israélienne, malgré son équipement (gilet par-balles avec la mention « presse » et un casque).

Lors des funérailles de Shireen, les forces israéliennes chargent les personnes transportant son cercueil, montrant encore la menace que continue d’être cette femme, considérée comme le visage du journalisme en Palestine.

 

Jina Mahsa Amini (2000-2022)

 

Jeune femme kurde iranienne
Battue à mort par la police des mœurs
Téhéran, 16 septembre 2022

Jina Mahsa Amini naît à Saqqez au Rojhilat, le Kurdistan de l’Est. Ses parents l’appelent Jina (“Vie”) à la naissance mais l’état civil iranien refuse ce prénom kurde et les oblige à choisir un prénom persan, Mahsa.

Le 13 septembre 2022,alors qu’elle est en vacances à Téhéranavec sa famille, elle est arrêtée par la police des moeurs.Elle tombe dans le coma suite à des coups reçus à la tête et meurt à l’hôpital trois jours plus tard.

Le régime iranien essaye d’empêcher la tenue de son enterrement dans sa ville de Saqqez en bloquant les voies d’accès mais la famille tient tête et le funérailles donnent lieu à une manifestation aux cris de “Mort au dictateur” et “Je tuerai qui a tué ma soeur”. Ce féminicide est au coeur de la vague de protestation qui s’étend rapidement au Kurdistan puis dans tout l’Iran, avec les femmes à l’avant-garde. Elles se rassemblent sous le slogan « Jin, Jiyan, Azadi », “Femme Vie Liberté” et entraînent avec elles le reste de la société vers la Révolution.

Sur sa tombe, sa famille inscrit “Bien-aimée Jina, tu ne mourras pas ; ton nom deviendra un symbole”.

 

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Nagihan Akarsel (1976-2022)

 

Militante du Mouvement des femmes kurdes et de la Jineolojî
Assassinée par les services secrets turcs
Sulemanî, 4 octobre 2022

Nagihan Akarsel, est une militante kurde, aussi connue sous le nom de Zîlan. Elle grandit dans un village où elle crée un attachement très fort avec sa terre et sa culture.

Lors de ses études de journalisme à Ankara, elle découvre le mouvement de libération kurde à travers le syndicat étudiant de la jeunesse du Kurdistan (YCK). Son engagement politique dans l’université la mène en prison pendant 6 ans.

À sa sortie, elle travaille dans la presse kurde, et se consacre particulièrement à la presse féminine. Par la suite, elle rejoint le travail de Jineolojî en participant à la création de l’Académie de Jineolojî et de son journal. 

À partir de 2018, elle donne de nombreuses formations et conférences sur la Jineolojî au Kurdistan du sud et au Rojava. Elle s’implique aussi dans la librairie des femmes kurdes de Suleymaniye.

Le 4 octobre 2022 au petit matin, elle est assassinée devant la librairie par un membre des services secrets turcs. 

 

Nika Shakarami (2005-2022)

 

Manifestante pour la libération des femmes en Iran
Assassinée et torturée par la police iranienne
Téhéran, 20 septembre 2022

Nika Shakarami naît le 2 octobre 2005 au Lorestan. Elle fait partie d’une famille Lorê, une communauté ethnique vivant dans l’État iranien.

Dès les premières manifestations nocturnes suivant la mort de Jîna Mahsa Aminî, Nika descend dans la rue afin de rejoindre les autres femmes. Sur le boulevard Keshavarz à Téhéran, elle est détachée du groupe de manifestantes et contacte une proche pour partager sa crainte d’être suivie par les forces de sécurité.

À la suite de cette soirée, tous les réseaux sociaux de Nika sont supprimés, une pratique bien connue de l’autorité en place. Elle est portée disparue pendant dix jours puis est retrouvée morte. La police affirme qu’elle s’est jetée d’un immeuble.

Alors que la famille souhaite enterrer Nika à Khorramabad au Lorestan, la police les en empêche afin d’éviter de nouvelles manifestations, et l’enterre de force dans une autre ville.

 

Prison n5

Sakine Cansiz, Fidan Dogan, Leyla Shaylemez (1958, 1984, 1988-2013)

 

Militantes révolutionnaires du mouvement de libération du Kurdistan
Assassinées par les services secrets turcs
Paris, 9 janvier 2013

Sakine Cansiz naît en février 1958, à Dersim au Kurdistan du nord. C’est en 1976 qu’elle commence son militantisme, après avoir rencontré à Ankara des camarades qui à l’époque se font appeler “révolutionnaires du Kurdistan”.

Elle participe le 27 novembre 1978 à la création officielle du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), et par la suite à la création du Parti des femmes libre du Kurdistan (PAJK). Elle utilise désormais le prénom Sara.

Son engagement au sein du PKK-PAJK la mène à être emprisonnée par l’État turc pendant 12 ans, où elle fait face à la répression et aux tortures. Sara devient un modèle de résistance. À sa libération, elle part pour les montagnes libres du Kurdistan pour rejoindre la guérilla.

Elle fait de nombreux voyages entre l’Europe et le Kurdistan notamment en France, où elle reçoit le titre de réfugiée politique.

Le 9 janvier 2013, elle est assassinée avec Fidan Dogan et Leyla Shaleymez à Paris par un agent des services secrets turcs.

Fidan Dogan naît le 17 janvier 1982 dans la ville d’Elbistan au Kurdistan du nord. Alors qu’elle est très jeune, sa famille s’installe en France où elle découvre plus tard le mouvement de libération kurde.

A partir de 1999, elle commence à s’organiser avec la jeunesse kurde et avec les associations des femmes kurdes. Elle choisit alors de se faire appeler Rojbîn.

En 2002, elle rejoint le travail de diplomatie du mouvement, notamment à travers le Congrès national du Kurdistan (KNK) basé à Bruxelles ainsi que le Centre d’informations du Kurdistan de Paris.

Le 9 janvier 2013, elle est assassinée avec Sakine Cansiz et Leyla Shaleymez à Paris par un agent des services secrets turcs.

Leyla Seylemez naît en janvier 1988 au Kurdistan du nord. Comme beaucoup de kurdes, elle quitte avec sa famille son village natal suite aux attaques et aux destructions des villages menées par l’État turc. Elle grandit dans la ville de Mersin.

Face à la répression de l’État contre sa famille, alors sympathisante du mouvement de libération kurde, elle et les siens quittent le pays et émigrent en Allemagne. Alors qu’elle s’organise de plus en plus avec le mouvement de libération kurde, elle change son prénom pour prendre celui de Ronahî.

À partir de 2006, elle travaille avec la jeunnesse kurde en Allemagne, puis en tant que responsable de la branche féminine de la jeunesse à Paris.

Le 9 janvier 2013, elle est assassinée avec Sakine Cansiz et Fidan Dogan à Paris par un agent des services secrets turcs.

Le 9 janvier 2013, Sakine, Fidan et Leyla sont tuées par balles en plein Paris. La justice française n’a jamais fait la lumière sur cette affaire. Six semaines avant l’ouverture du procès, le présumé coupable meurt. Cette affaire est alors classée sans suite malgré les évidentes connexions entre l’assassin et les services secrets turcs. Grâce à la pression des proches des trois femmes, l’affaire est réouverte en 2019. L’immobilité de la justice française face à ce triple assassinat nous montre le camp choisit par cette justice patriarcale.

Le 9 janvier 2023, 10 ans après le triple assassinat de ses camarades, le mouvement kurde demande Vérité et Justice! À cette occasion soyons toutes et tous dans la rue.