We see your crimes ! Nous voyons vos crimes !

Jamais la Turquie n’a commis autant de crimes de guerre qu’en 2022, notamment par l’utilisation intensive d’armes chimiques à la montagne et les attaques de drones répétées dans toutes les zones du Kurdistan. La communauté internationale et ses institutions, telles que l’OIAC (Organisation pour l’interdiction des Armes chimiques) refusent toujours de lancer des procédures d’enquêtes afin d’exposer la responsabilité de l’État turc.
Du 30 décembre (journée de commémoration des Nations unies pour toutes les victimes des guerres chimiques ) au 3 décembre, nous vous appelons à mener des actions (go-ins, théâtre de rue, flash mobs, actions dans les stades, projections publiques de vidéos, etc.) puis à vous rassembler le 3 décembre dans les manifestations organisées dans vos régions.

#WeSeeYourCrimes

La campagne

en pratique

L’utilisation d’armes chimiques par la Turquie dans ses opérations contre la guérilla kurde n’est
pas un fait nouveau. Voilà des années que l’armée turque recours à cette méthode interdite par le
droit international, dans ses tentatives acharnées de briser la résistance du mouvement de
libération kurde.

Selon les derniers chiffres communiqués par les Forces de Défense du Peuple (HPG, branche
armée du PKK), la Turquie a utilisé des agents chimiques interdits 2470 fois au cours des 6
derniers mois, contre 367 fois au cours de l’année 2021. Depuis avril dernier, au moins 100
guérilléros sont morts dans des conditions atroces suite à ces attaques à l’arme chimique.

En juin dernier, le journaliste britannique Steve Sweeney a publié un rapport compilé à partir
d’informations obtenues lors de nombreuses réunions et de voyages au Kurdistan irakien sur une période de deux ans, notamment dans des zones tenues par la guérilla du PKK.
Les témoignages recueillis auprès de médecins, de peshmergas, d’ONG, de responsables kurdes et de villageois indiquent clairement l’utilisation d’agents chimiques.

Il indique par ailleurs que les autorités régionales ont empêché que des échantillons de terre, de vêtements et de cheveux prélevés dans les zones touchées soient
analysés.

 En septembre, une délégation l’Association internationale des Médecins pour la Prévention de la Guerre nucléaire (IPPNW) s’est rendue au Sud-Kurdistan pour enquêter sur l’usage d’armes chimique dans la région. Sa mission a cependant été entravée par le KRG.

Dans un rapport publié quelques semaines après cette visite, l’ONG indique qu’il existe des indices confirmant en partie les allégations d’utilisation d’armes chimiques. Faisant référence à l’utilisation « de gaz lacrymogènes ainsi que d’agents chimiques improvisés comme le chlore », les auteurs du rapport demandent « une enquête internationale immédiate et indépendante afin d’approfondir les recherches et empêcher de futures violations de l’interdiction des armes chimiques par la Turquie ».

18 octobre, la branche armée du PKK a publié un communiqué révélant l’identité de 17 combattant-e-s kurdes tombé-e-s dans la région de Zap, suite à l’utilisation d’armes chimiques par la Turquie. Le communiqué était accompagné d’images montrant l’agonie des victimes qui ont souffert de graves troubles respiratoires, neurologiques et neurocomportementaux avant de succomber. Depuis des manifestations ont eu lieu de manière répétée à travers toute l’Europe et le Kurdistan.

Malgré les allégations répétées faisant de crimes commis par l’armée turque, l’Organisation internationale pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) reste sourde aux appels à l’envoi d’une délégation d’enquête au Sud-Kurdistan.

Le 22 octobre, Hadi Amirli, membre de la Commission parlementaire irakienne de sécurité et de défense, a déclaré que le Parlement irakien allait créer une commission chargée de déterminer l’utilisation par la Turquie d’armes chimiques interdites au niveau international.

Matériel

Appel de la campagne

Nous voyons vos crimes ! – Arrêtez la guerre chimique au Kurdistan!
Appel à actions mondiales contre l’utilisation des armes chimiques du 30 novembre au 3 décembre

Par l’Initiative Defend Kurdistan

Jamais la Turquie n’a commis autant de crimes de guerre qu’en 2022. La focalisation internationale sur la guerre en Ukraine ne peut pas être utilisée pour dissimuler que l’occupation du Kurdistan par la Turquie a conduit à de nombreux cas de crimes de guerre, notamment l’utilisation intensive d’armes chimiques et les attaques de drones.
Malgré les graves allégations concernant l’utilisation d’armes chimiques par la Turquie, la communauté internationale et ses institutions responsables, telles que l’OIAC, n’ont jusqu’à présent pas tenu la Turquie pour responsable, et négligent d’enquêter sérieusement sur la question. Les invasions de la Turquie en Syrie du Nord/Rojava en 2018/19, qui violent clairement le droit international, ainsi que ses tentatives d’occupation du Sud-Kurdistan/Nord-Irak ont donné lieu à des protestations internationales répétées.

La réaction des responsables gouvernementaux ou des représentants des institutions internationales a jusqu’à présent surtout varié entre l’indifférence et l’obstruction active. L’OIAC refuse même de recevoir les rapports des journalistes et des chercheurs sur ces cas. En outre, toutes les demandes adressées à des laboratoires de différents pays, pour analyser des échantillons qui avaient été transportés en Europe depuis des positions de guérilla attaquées à l’arme chimique dans le sud du Kurdistan, ont été refusées. Cela encourage l’État turc à poursuivre sa politique criminelle sans qu’il ait à répondre de ses actes. Dans le même temps, de nombreux gouvernements dans le monde ont justifié les attaques de la Turquie contre le peuple et le mouvement de liberté kurdes comme un acte d’autodéfense et de lutte contre le terrorisme.

Il semble que le Mouvement pour la liberté du Kurdistan, avec son paradigme radical de démocratie, d’écologie et de libération des femmes, développé par son leader emprisonné Öcalan, soit un obstacle pour les intérêts de pouvoir des forces hégémoniques régionales et internationales. La phrase “Jin Jiyan Azadî”, qui s’est répandue de Rojhilat (Kurdistan oriental) aux soulèvements en Iran et qui est maintenant criée dans le monde entier, est devenue le slogan de la lutte pour la libération des femmes. Afin de réduire au silence l’appel à la liberté des femmes et des peuples, ils sont prêts à commettre ces crimes de guerre inhumains.
Nous voyons vos crimes, et par conséquent, en tant que société et forces démocratiques, nous nous joindrons au mouvement de solidarité mondiale en accord avec les demandes des femmes et des peuples de la région et nous ne resterons pas silencieux face aux crimes de guerre commis et à la complicité de nos gouvernements. Nous ne pouvons tout simplement pas rester silencieux.

Les crimes de guerre en cours en Turquie montrent clairement que la Turquie a été encouragée par le silence de la communauté internationale et pense qu’elle a reçu le feu vert pour commettre des crimes de guerre où elle veut. Le résultat malheureux de ce silence est d ́être complice des crimes de guerre de la Turquie. Au lieu de capituler devant l’instrumentalisation par la Turquie de son appartenance à l’OTAN, la communauté internationale doit prendre au sérieux les allégations d’utilisation d’armes chimiques en demandant à des experts d’examiner la question et faire pression sur la Turquie pour qu’elle cesse de commettre des crimes de guerre au Sud-Kurdistan/Nord-Irak et partout ailleurs.
À partir de la journée de commémoration des Nations unies pour toutes les victimes des guerres chimiques, du 30 novembre au 3 décembre, nous faisons appel à votre créativité et à votre solidarité pour agir (go-ins, théâtre de rue, flash mobs, actions dans les stades, projections publiques de vidéos, etc.) et pour vous rassembler le 3 décembre dans les manifestations organisées dans vos régions.

Nous voyons vos crimes ! Brisons le silence criminel et complice qui permet aux gouvernements de faire passer leurs intérêts avant les droits humains et de fermer les yeux sur les violations des conventions qu’ils sont censés défendre.

A la complicité criminelle des gouvernements, notre réponse doit être l’unité et la solidarité des peuples !
Initiative “Defend Kurdistan”

P.S.: Veuillez envoyer des photos et des vidéos de vos actions + une petite explication de qui, quand, où et pourquoi a fait quelle action à info@defend-kurdistan.com. Nous les utiliserons ensuite pour notre travail médiatique.
#DefendKurdistan #WeSeeYourCrimes #OPCW #WarCrimes

Rapport de l’IPPNW

L’organisation médicale pour la paix IPPNW a publié un rapport sur l’utilisation d’armes chimiques par la Turquie dans la région du Sud-Kurdistan. L’ONG demande une enquête internationale indépendante.

 

L’organisation internationale des Médecins pour la Prévention de la Guerre nucléaire (IPPNW) a publié un rapport sur de possibles violations de l’interdiction des armes chimiques par la Turquie lors d’attaques contre des civils kurdes et des combattants du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le nord de l’Irak, autrement dit au Sud-Kurdistan. Selon ce rapport, il existe des indices qui confirment en partie les soupçons. Les auteurs du rapport demandent une enquête internationale immédiate et indépendante afin d’approfondir les recherches et empêcher de futures violations de l’interdiction des armes chimiques par la Turquie.

« Depuis plus d’un an, les Kurdes accusent la Turquie d’avoir utilisé des agents chimiques. Jusqu’à présent, il n’y avait pas de preuves claires à ce sujet – même les indices indirects de cette allégation faisaient défaut. Ceux-ci viennent d’être fournis par une délégation de l’IPPNW composée de médecins allemands et suisses. Dans leur rapport publié aujourd’hui, les auteurs font référence à l’utilisation de gaz lacrymogènes ainsi que d’agents chimiques improvisés comme le chlore », fait savoir l’IPPNW.

L’ancien inspecteur des Nations Unies sur les armes biologiques, le Dr Jan van Aken, et le Dr Josef Savary, président d’IPPNW Suisse, se sont rendus du 20 au 27 septembre dans la région du Kurdistan irakien (KRG) pour enquêter sur l’utilisation d’armes chimiques. « Les déclarations du ministre turc de la Défense constituent en soi une violation évidente de la Convention sur les armes chimiques. Dans son discours devant le Parlement turc, il décrit l’utilisation de gaz lacrymogènes dans un conflit purement militaire. Dans une telle situation, les gaz lacrymogènes sont effectivement interdits. La Convention sur les armes chimiques (CIAC) ne prévoit qu’une exception pour l’utilisation de ces gaz dans le cadre du maintien de l’ordre, c’est-à-dire lors des manifestations », explique le Dr Jan van Aken, membre du conseil scientifique d’IPPNW Allemagne.
Face à cette violation, les Etats parties à la CIAC pourraient entamer des consultations avec le gouvernement turc en invoquant l’article IX, paragraphe 1 de la convention. Des mesures pourraient en outre être prises dans le cadre des Nations unies afin d’empêcher de futures violations de l’interdiction des armes chimiques par la Turquie.

Les indices d’une possible utilisation d’agents chimiques improvisés, comme le chlore gazeux, exigent en outre une enquête immédiate sur toutes les allégations. Ainsi, les indices existants ne sont certes pas suffisants pour prouver effectivement l’utilisation d’armes chimiques, mais ils sont suffisamment forts pour justifier une enquête internationale indépendante par l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC). Il incomberait désormais aux États parties à la convention d’en faire la demande.