Ne nous laissons pas anti-terroriser

Communiqué de soutien aux inculpé·e·s du 8 décembre

Nov 8, 2023A la une, Actualités

Communiqué de soutien du Réseau internationaliste Serhildan, avec les inculpé-e-s du 8 décembre, dont le procès s’est tenu du 3 au 27 octobre à Paris. Il intervient presque trois ans après leur arrestation, alors que plusieurs des inculpé-e-s ont déjà été emprisonné en détention provisoire et ont été victimes de nombreuses violences carcérales – des fouilles à nu répétées ou encore 16 mois en isolement pour Libre Flot, enfin libéré suite à une grève de la faim de 37 jours.

Les comptes-rendus de ce procès ont notamment été publiés sur le Blog des Comités du 8/12.

Le procès des inculpé-es du 8 décembre s‘est terminé le 27 octobre. Sept personnes ont comparu, accusées d’ « association de malfaiteurs terroriste ». Un procès aux enjeux majeurs qui pourrait aboutir à un élargissement de la définition légale de terrorisme pour l’appliquer aux mouvements contestataires de gauche. Alors que la défense était unanime en demandant la relaxe, le parquet antiterroriste a requis des peines de prison allant de deux ans avec sursis à 6 ans ferme avec mandat de dépôt pour Libre Flot. Le verdict final sera connu le 22 décembre.

Même les médias libéraux le reconnaissent, le dossier à charge est pour le moins bancal. Un groupe de personnes qui ne se connaissaient pas toutes, avec aucun projet concret démontré malgré des mois de surveillance par la DGSI. Comme dans l’affaire de Tarnac en 2018, qui s’était soldée par un fiasco judiciaire et la relaxe de toutes les personnes inculpées, le projet terroriste est construit comme une fable à partir d’éléments disparates tissés autour du fait que les inculpé-es utilisaient au quotidien des outils pour protéger leur vie privée et chiffrer leurs communications. Un gros pétard artisanal, des parties de paintball et, au cœur du procès, l’engagement internationaliste de Libre Flot au Rojava.

« Ce que je veux partager, c’est une expérience politique ».

Depuis son arrestation, Libre Flot n’a eu de cesse d’être questionné sur les raisons qui l’ont poussé à partir au Rojava et les connaissances qu’il aurait acquises là bas. Pendant le procès, la juge insiste sur le fait qu’il doit en être revenu traumatisé. Libre Flot affirme qu’il n’est pas rentré traumatisé et que ce qui l’a intéressé, et lui a apporté beaucoup lors de son séjour au Rojava, c’est le Confédéralisme Démocratique. « Ce que je veux partager, c’est une  expérience politique ». Il dénonce également l’indifférence concernant les actuels bombardements du Kurdistan par l’aviation militaire Turque. C’est justement les idées politiques de Libre Flot et des autres personnes inculpées qui intéressent le tribunal, à défaut de faits concrets à leur reprocher. Lors de sa garde à vue, Libre Flot s’est vu demander sil utilisait le mot « camarade » ou encore s’il se définissait comme libertaire.

Solidarité 8/12

Depuis 2014, des dizaines d’internationalistes de France se sont rendu-es au Rojava pour participer au processus de construction d’une société basée sur la démocratie de base, la libération des femmes et l’écologie sociale.

Depuis 2014, des dizaines d’internationalistes de France se sont rendu-es au Rojava pour participer au processus de construction d’une société basée sur la démocratie de base, la libération des femmes et l’écologie sociale. Ce sont ces internationalistes, dont beaucoup ont contribué à la lutte contre Daech, qui sont dans le viseur de la DGSI. Celles et ceux qui sont parti-es sans but politique, uniquement pour participer à la lutte armée contre Daech ou pour des motifs islamophobes ne sont pas inquiété-es. Dans un contexte de contestations sociales toujours plus fortes en France, pas étonnant que la propagation des idées de la révolution sociale au Rojava et d’une union internationale entres les forces socialistes partout dans le monde, fassent trembler les tyrans qui nous dirigent.

La répression contre les idées politiques du mouvement kurde à une longue histoire en France. On rappellera que récemment, entre 2021  et 2022, dans le cadre de l’enquête des inculpés du 23 mars 2021, plus de 800 personnes ont été interrogées par la DGSI. 11 d’entre elles ont été condamnées pour appartenance au PKK, considéré comme une organisation terroriste par l’Union européenne. Elles font aujourd’hui appel de cette décision.

Face a cette tentative d’intimidation et de criminalisation de l’internationalisme, nous répondons qu’elle ne fait que renforcer notre détermination à continuer notre travail de solidarité avec le Kurdistan, ainsi qu’à propager les idées et les pratiques de la révolution du Rojava et les faire dialoguer avec nos luttes locales.

 

Liberté pour les inculpé-e-s !