En première ligne contre la guerre et la pandémie. Interview.

Déc 5, 2022Expériences et analyses, Femmes, Internationalisme, Pratiques militantes

« Commencer là où début l’oppression est la clé principale des changements sociaux et de la reconstruction des valeurs d’un monde, d’une vie et d’une société holistiques« , explique Jiyan, une internationaliste allemande au Rojava. Après le massacre de Shengal et l’attaque de Kobané en 2015, elle a décidé de se rendre dans le nord de la Syrie pour rejoindre la révolution confédérale démocratique menée par le mouvement de libération kurde. En mai 2020, elle est mobilisée en première ligne en tant que travailleuse de la santé, et parle de l’impact du coronavirus au Rojava, du concept de santé dans la révolution, du pouvoir de transformation du mouvement des femmes et des difficultés à construire une alternative à la crise du capitalisme en Europe.

Cette interview de Jiyan a été initialement publiée en mai 2020 en espagnol sur le blog Buen Camino. Nous avons édité l’entretien pour enlever les premières questions relatives à l’actualité du moment, qui ne sont plus pertinentes aujourd’hui.

Quelle est l’influence de la pandémie au Rojava ?

D’une part, si nous regardons la situation à l’échelle mondiale, tout le monde est maintenant concentré sur le coronavirus. Vous regardez les nouvelles et c’est corona, corona, corona, donc si maintenant le Rojava (ou tout autre endroit dans le monde) brûle, malheureusement personne ne s’y intéressera. D’autre part, lorsque [la Turquie] bombarde des infrastructures électriques ou d’approvisionnement en eau, (…) il s’agit de briser le moral des gens, de leur faire peur, de faire pression sur leur vie quotidienne, de les mettre en colère. Je veux dire, si vous pensez à une ville aussi grande que Hasakeh, un seul jour sans eau… Surtout dans une situation de pandémie, pendant laquelle vous devez tout nettoyer chaque jour, en plus de votre besoin d’eau potable, il s’agit d’une stratégie de guerre très claire contre la population du nord et de l’est de la Syrie.

En général, quelle a été la réaction au Rojava face à la menace d’une pandémie ?

Au début de cette situation avec Covid-19, la réaction a été : arrêtons tout, toutes les structures militaires doivent cesser leurs tâches « actives », parce que nous sommes tous confrontés à la menace de ce virus, qui à ce jour est un « ennemi » dont on ne sait pas très bien à quoi il ressemble. Ainsi, pour des raisons de sécurité et de protection, nous nous arrêtons et essayons de sensibiliser tout le monde à l’importance de respecter les règles d’autoprotection. Par exemple, dans notre région, nous sommes allés dans toutes les unités pour leur expliquer la situation, la menace, comment se protéger, le protocole à suivre si des camarades présentent des symptômes, etc. Il s’agit donc d’organiser le matériel médical et de fournir des informations afin que les gens puissent fabriquer leur propre matériel de nettoyage et de protection. Il y a toujours l’embargo, nous n’avons pas beaucoup de sources d’approvisionnement, le simple fait d’obtenir des masques et des gants pour tout le monde était et reste impossible.

Nous avons également constaté qu’il s’agit de convaincre une société très social d’agir de manière totalement asociale (pas de poignées de main, d’accolades, de baisers, distanciation, pas de réunions ou de visites, une manière différente de manger et de boire) Expliquer l’importance de mettre tout cela en œuvre a été assez difficile. Parce que lorsque vous regardez les unités de soins intensifs ici, les places disponibles… Nous avons 40 respirateurs, ce qui signifie que nous ne pouvons traiter que 40 cas graves qui ont besoin d’une respiration assistée, et donc que les autres n’auront pas de traitement adéquat jusqu’à ce que le respirateur soit libre, ce qui arrive probablement parce que la personne sera décédée… Il y a donc des raisons très concrètes pour ces protocoles de protection et le confinement.

Les mesures prises sont-elles les mêmes qu’en Europe ?

Ici aussi il y a le confinement et les seuls établissements ouverts sont ceux qui vendent des choses dont les gens ont besoin, comme les magasins d’alimentation, les pharmacies, les magasins de fournitures nécessaires pour travailler la terre… Nous avons aussi des Asayis [forces de sécurité intérieure] qui veillent à ce que les gens respectent le confinement, donc quand vous regardez un peu superficiellement, tout cela se ressemble, bien sûr, mais d’un autre côté vous avez des structures différentes au sein de la société. L’eau et l’électricité sont gratuites et la nourriture et les choses de base sont fournies par les communes aux gens, ce qui, je pense, est une différence par rapport à l’Europe, parce que cela est mis en œuvre dans le système ici, dans l’idée de la société et de la santé. Il y a une structure, c’est la base de la vie ici et il y a des gens qui prennent cette responsabilité, ce n’est pas que certaines personnes décident d’être charitables et donc d’utiliser leur argent pour soutenir d’autres personnes, ce qui est une bonne décision dans le système capitaliste. C’est différent si la base du système est de se soutenir mutuellement à travers les communes. Il ne s’agit donc pas de dépendre d’un État, mais de la responsabilité que chacun prend pour les autres. En Europe, les États sont défaillants dans cette crise. L’argent doit résoudre ce que la société devrait avoir comme base de sa vie commune. Santé, responsabilité, sociabilité, etc.

« L’eau et l’électricité sont gratuites, et la nourriture et les choses de base sont fournies par les communes aux gens, ce qui, je pense, est une différence par rapport à l’Europe »

Lorsque l’administration a commencé à annoncer des mesures, nous avons eu le sentiment que les gens ne les prenaient peut-être pas très au sérieux…

C’est un pays qui a été en guerre pendant longtemps, les gens ont vu beaucoup de misère, beaucoup de morts, ont eu beaucoup de pertes. Maintenant, vous devez faire face à un ennemi que vous ne voyez pas, vous ne voyez pas comment il se propage, vous ne voyez pas ce qui se passe ou comment les gens tombent malades… alors vous pensez : « Ok, si même les choses dont nous avons besoin ne rentrent pas, comment le virus va-t-il rentrer ? ». Les gens auront parfois l’air trop détendus, parce qu’ils en ont déjà trop vu. Mais il est satisfaisant de constater qu’après la confirmation de certains cas, les gens prennent la question plus au sérieux et semblent plus disposés à suivre les procédures nécessaires.

Tout à l’heure, vous avez parlé de la question de la santé. Quelle est la perspective de la révolution de la santé ? Parce qu’en Europe, ce que nous voyons avec la situation actuelle, c’est qu’être en bonne santé signifie principalement…

Fonctionner. Être capable de fonctionner.

Et c’est tout.

L’idée est de créer une société basée sur des valeurs démocratiques, écologiques et sur la libération des femmes. Alors, quand on en arrive là, la question est : où commence la santé ? Peut-être qu’elle commence à un point différent de celui que nous considérons comme acquis. Nous avons besoin de ce monde et de la nature. Nous en avons besoin pour vivre, mais la nature n’a pas besoin de nous. C’est quelque chose que l’on voit aujourd’hui, n’est-ce pas ? L’air est purifié, la mer est purifiée, il y a du mouvement, les animaux « se déchaînent », comme s’ils étaient heureux, ils apparaissent partout [rires].

Et c’est ça le problème, non ? Ce monde n’a pas besoin de nous, et ce dont nous avons besoin, nous ne sommes pas capables de le voir et nous ne sommes pas capables de l’apprécier. Nous n’apprécions pas la vie et la nature. Et considérer la nature comme quelque chose qui devrait nous fournir les choses que nous voulons est la première étape pour commencer une relation malsaine, une relation pragmatique avec le monde, avec la vie en général, sur laquelle tout le reste est construit. Alors comment traite-t-on la nature, comment traite-t-on les gens, comment traite-t-on notre intérieur, c’est là que se situe le débat sur la santé. La façon dont nous apprenons à vivre cette vie, comment penser, comment ressentir, quoi faire, qui être, tout cela est lié à un cœur, des sentiments, une âme, un esprit et une vie saines.

« considérer la nature comme quelque chose qui devrait nous fournir les choses que nous voulons est la première étape pour commencer une relation malsaine, une relation pragmatique avec le monde, avec la vie en général, sur laquelle tout le reste est construit »

Lorsque nous regardons l’Europe, les États que nous qualifions de « hautement industrialisés », nous observons un nombre élevé de cas de dépression et de maladies dites « de la modernité » (diabète, etc.) Les gens cherchent un sens à leur vie, ils se tournent vers l’extérieur, essayant d’atteindre l’objectif d’une image hégémonique de l’individu heureux, beau, fonctionnel, attirant, une image qui n’est en fait que l’exemple de ce que la santé n’est pas. Ainsi, commencer par relier tout cela à la réalité sociale, à la réalité de l’être humain en relation avec la nature, avec soi-même en tant qu’être humain qui est une partie vivante et nécessaire de la société et de l’humanité, prendre des mesures dans cette direction est la base sur laquelle développer le travail de santé. Nous sommes tous responsables de notre propre santé et de celle de tous ceux qui nous entourent et du monde dans lequel nous vivons. Comprendre cela, avoir une vue d’ensemble et une connexion plus profonde, descendre au même niveau, peut simplement signifier prendre des décisions sur ce que nous utilisons, ce que nous construisons, ce que nous faisons, en fonction de cette connaissance. Ainsi, lorsque nous parlons de ressources énergétiques, nous ne pensons pas seulement à ce dont nous avons besoin, mais aussi à la manière dont chacun peut les utiliser sans nuire à la nature et à la vie et sans épuiser la ressource elle-même. Lorsque nous parlons de médecine, nous partons du principe que la médecine pharmaceutique n’est pas la solution. Il s’agit de tout ce qui vient avant la médecine pharmaceutique, de notre mode de vie, mais aussi de l’utilisation de la recherche pour trouver des solutions en fonction des maladies graves ou de la nécessité d’une intervention chirurgicale sérieuse. Il ne devrait pas s’agir de l’argent ou de l’utilisation de la pharmacie médicale comme source d’argent. Il s’agit de partager et de prendre soin les uns des autres, en reliant les décisions à un cadre plus général.

Quand vous parlez aux gens ici de ce qu’ils pensent de l’avenir du Rojava, ils répondent toujours la même chose :  » Ce n’est pas clair, personne ne le sait « . Maintenant, avec la pandémie, il semble que la même expérience soit vécue en Europe, il y a beaucoup d’incertitude, il y a la perception que personne ne sait ce qui va se passer. Pendant un moment, la « normalité » de millions de personnes a été perturbée. Vu d’ici, que pensez-vous que l’on puisse tirer de tout cela ?

Oui, il y a des gens qui disent que cette situation de pandémie est plutôt positive, parce que les gens sont confrontés à la réalité de l’État, mais c’est sous-estimer le pouvoir de la normalité. Je ne pense pas que l’approche des gens soit tant « à quel point l’État est mauvais », mais plutôt « au moins nous avons gardé ceci ou cela, et maintenant nous pouvons à nouveau faire telle ou telle chose ». Parce qu’à ce stade, quelle alternative y a-t-il ?

Les gens vont encore et encore se reposer sur ce qui existe déjà, parce qu’il n’y a pas de nouvelle société aimante et créatrice qui émerge, et les vieilles structures et idées, vous pouvez les aimer plus ou moins, mais vous savez ce qu’elles vous apportent, d’une certaine manière elles vous « portent », elles vous donnent une certaine sécurité. Et c’est pour moi le principal défi des nouvelles propositions, ainsi que du confédéralisme démocratique.

Offrir une alternative est d’une part quelque chose de très pratique, être capable de fournir ou de créer des alternatives pour la nourriture et les besoins de base, où les gens sont directement impliqués, mais aussi des idées auxquelles les gens peuvent s’identifier, qui leur font comprendre leur besoin et leur responsabilité les uns envers les autres, qui peuvent les pousser à prendre des mesures. Il s’agit de donner une réponse aux besoins urgents, mais aussi d’être une source d’idées, de diffuser des analyses qui expliquent comment on est arrivé à cette situation, en amenant les gens à un point commun. Ce point commun signifie également qu’il faudra rétablir la confiance, que les gens devront faire confiance à ceux qui leur ont appris à ne pas faire confiance. Faire confiance aussi à nouveau à l’espoir et le créer tout en le donnant. C’est peut-être le sujet le plus difficile, parce que l’on peut toujours dire, ok, cela ne sert à rien, et ces groupes, cette organisation, ils font tout de travers, et aucun changement n’est possible. Il y a trop de pensées négatives sur tout, trop de préjugés et d’attentes. C’est à travers une logique, de devoir « savoir », le filet de sécurité du « ça a toujours été comme ça », « l’être humain est comme ça », « tu dois être sûr à 100% de ton raisonnement avant de prendre une décision »… Parce que vous devez le faire, dans le capitalisme, si vous ne voulez pas perdre tout ce que l’État peut vous prendre.

Le Rojava traverse une crise économique et humanitaire, une guerre, une occupation, et maintenant la menace d’une pandémie, et pourtant la résistance continue. Il est constamment mis au défi de vaincre. Cela ne contraste-t-il pas avec la gauche en Europe, avec l’impossibilité de croire que nous pouvons gagner et ne pas être vaincus ?

Eh bien, pour être honnête, oui, vous devez voir qu’il y a une peur d’être vaincu, mais aussi accepter que beaucoup se sont déjà vaincus eux-mêmes, dans leurs perspectives, dans leurs alternatives, très sous-culturelles, très libérales, très malhonnêtes, très vaincus déjà dans leur mentalité….. Sans espoir, sans rêves, sans assez de force pour se connecter avec… Ou trop de pensées abstraites, éloignées de la réalité de la société, de ses émotions et de ses besoins, éloignées des gens. Nous devons accepter que, d’une manière ou d’une autre, nous sommes tous déjà vaincus à différents moments, et comprendre cela signifie dire : « Ok, donc d’autres étapes sont nécessaires.

Je pense que cela a surtout à voir avec la remise en question de nos méthodes. Il n’y a pas de remise en question d’où nous venons et de pourquoi nous sommes comme nous sommes, et quand on ne remet pas cela en question, on ne peut que répéter ce dans quoi on a été élevé, ce dans quoi on a grandi. Il y a les révolutionnaires romantiques, qui regardent par exemple la guérilla ou d’autres groupes qui se battent, les révolutionnaires qui se battent, les gens qui vous saluent et vous qui donnez tout jusqu’à la mort. Eh bien, il y a beaucoup de gens qui font cela, pour beaucoup de raisons différentes, ils vont aussi jusqu’au bout, mais que représentent-ils dans votre vie quotidienne ? Les valeurs que – de bon cœur – de nombreux camarades représentent, même dans des situations difficiles, sont après tout celles d’une mentalité patriarcale, d’une mentalité violente, parfois même d’une mentalité fasciste. Pourquoi ? Non pas parce que ce sont de mauvaises personnes, mais parce qu’ils ne réfléchissent pas, ils n’analysent pas. Ils ont appris à être ignorants. Vous allez donc simplement agir et prendre des décisions en fonction de cette mentalité. Les solutions, les problèmes que vous percevez, tout sera donné dans le cadre de cette mentalité. Le résultat de votre lutte sera quoi ? Se battre jusqu’à ce que vous soyez mort, épuisé ou que vous abandonniez la lutte pour trouver une place quelque part dans le système existant. Ce n’est pas comme ça que ça marche, si vous voulez un monde différent et un système différent, ça ne marchera pas.

« ça fonctionne grâce à l’existence d’un mouvement de femmes organisé et fort »

Si nous pensons à la révolution ici, je pense qu’un point à garder à l’esprit est évidemment qu’il y a un ennemi très, très concret qui nous menace également de manière très concrète, donc les choses fonctionnent parce que vous avez un besoin pratique de vous défendre. Mais l’autre point, c’est que ça fonctionne grâce à l’existence d’un mouvement de femmes organisé et fort. Parce qu’à tous les niveaux et dans toutes les couches de la société, il y a des femmes qui prennent des responsabilités, qui introduisent les analyses appropriées et qui mettent des outils dans les mains des gens. Pourquoi en est-il ainsi ? Pourquoi est-ce important ? Parce que l’une des analyses ici est qu’à la base de la « civilisation » et de la société moderne se trouve une mentalité patriarcale, étatique et oppressive qui, dans la pratique, signifie que l’existence des femmes n’est pas sérieusement prise en compte. Une telle société n’est pas saine, elle n’est pas égalitaire, elle est faite d’abus, de violence, d’exploitation….. Et commencer là où l’oppression commence est la clé du changement social et de la reconstruction des valeurs d’un monde, d’une société et d’une vie holistiques.

Dans quel sens ?

Parfois, les gens pensent à la révolution comme à un BANG ! après lequel tout est différent. Mais cela a davantage à voir avec de petites choses. Je pense à il y a 40 ans, quand la première femme de la guérilla est entrée dans la maison d’une famille, et il y a cette fille, et il y a aussi ce garçon, qui la regardent et pensent « Wow, je n’ai jamais vu une femme comme ça ! Une femme qui fait ces choses-là ! ». Et cela provoque un effet chez ces filles, dont beaucoup, 20 ans plus tard, participent à la lutte parce qu’elles avaient d’autres modèles à suivre, d’autres explications pour les raisons des problèmes qu’elles voyaient et ressentaient. Elles ont vu que d’autres chemins étaient possibles, et elles ont décidé de les prendre, au lieu de se laisser happer par la pression familiale…

Et ce sont des étapes que les gens ne voient pas. Ils disent : « Oh, regardez ce YPJ ou ce YPG avec ses armes ! », mais chacun d’entre elles et eux a dû mener une lutte énorme, longue et souvent douloureuse pour en arriver là, surtout les femmes. Le principal combat n’est pas seulement d’avoir cette arme, mais de continuer sur cette voie, cette décision, en suivant l’espoir d’une autre réalité, alors que les gens que vous connaissez, la famille dans laquelle vous êtes né, les amis qui vous respectaient ne vous soutiennent plus, parce que leurs traditions et leurs liens ne sont pas fondés sur la liberté de toute une société, mais restreints uniquement à la défense et la survie de leur petit « clan ».

Tous ceux qui vous ont donné une identité, un foyer, un espace sûr mais régi par leurs règles, des règles violentes féodales, patriarcales, capitalistes, fascistes ou autres, peuvent vous attaquer. Sortir de ces liens empoisonnés est l’étape la plus difficile pour beaucoup de gens. Se remettre en question et se demander pour quoi on se bat, en quoi on croit, en quoi on espère, de quel type de présence et de futur nous avons besoin, la garantie que l’on ne suit pas simplement un état d’esprit destructeur de type « tout casser ». Surtout le moment où tu comprends qu’à nouveau, c’est pour tous ces gens que tu te bats. Parce qu’il s’agit de la société et de t’y rattacher. Après toute une lutte autour et au milieu de cela, vous continuez quand vos amis meurent, quand votre société est continuellement sous embargo, sous pression, quand des événements comme Afrin, ou Serekaniye se produisent.

Les changements se produisent à travers toutes ces étapes. Il y a des histoires très dures ici, dans chaque famille, avec chaque camarade. Les pas de chacun ont conduit aujourd’hui à une révolution et à tous ces changements au sein de la société et de la structure du système. Ce n’est donc pas un BANG, c’est une lutte quotidienne dans laquelle vous devez être très clair sur les valeurs que vous représentez. C’est cela qui est révolutionnaire. Vivre avec l’espoir des changements, des valeurs que vous voulez instaurer, d’une société où les femmes sont libres, démocratique, écologique et avec de l’amour. Décider de défendre ces valeurs en toutes circonstances. Et pour défendre quelque chose, il faut de l’amour, de la responsabilité, des valeurs, du soutien, de la créativité, un mental solide et un grand cœur. Avec cette approche, lorsque nous devrons ensuite mener une lutte armée, comme ici, et se défendre de manière concrète contre une menace comme Daech, l’État turc, ou tout autre État fasciste, alors ce sera une lutte révolutionnaire. Au sein de laquelle la lutte armée n’est qu’une étape, et non le but.