Le PJAK appelle à un front démocratique pour l’Iran

Oct 1, 2022A la une, Actualités

Traduction de l’appel de Mazlum Heften, membre de l’Assemblée du PJAK, pour la création d’un front démocratique, ralliant les groupes religieux et ethniques en Iran, afin que les actions suscitées par le meurtre de Jîna Amini puissent porter leurs fruits.

BEHDINAN – Les protestations qui ont éclatées après le meurtre de Jîna Amini aux mains des forces de police iraniennes le 16 septembre 2022 continuent. Mazlum Heften, député du Parti pour une vie libre au Kurdistan (PJAK), a partagé avec l’agence ANF sa crainte que la résistance émergente soit étouffée dans la violence.

Après avoir rendu hommage aux victimes des dernières attaques, Heften a salué les actions de résistance, en ajoutant toutefois que les nombreuses révoltes qui ont eu lieu contre le régime ont été violemment réprimées, et que l’on ne peut pas rester les bras croisés face à ces soulèvements.

On observe à ce stade, explique le député du PJAK, un éveil du peuple iranien, qui ne peut pas tolérer l’oppression et la persécution. C’est une mauvaise nouvelle pour le régime, qui s’inquiète de comment il pourra maintenir sa politique oppressive alors qu’aujourd’hui les revendications de démocratie, de liberté, de droits, et de justice traversent plusieurs continents et une douzaine de pays.

Le peuple revendique au cri de “Jin, jiyan, azadî”

En rappelant le slogan des manifestations qui ont suivi le meurtre de Jîna Aminî, « Jin jiyan azadi », Mazlum Heften explique que les femmes étant la cible du régime iranien, leur libération doit passer par un changement de ce régime. Il affirme croire en ce slogan et invite à le suivre : « Ce sont les femmes et les jeunes qui se mobilisent aujourd’hui et qui comprennent le mieux ce régime d’oppression. ».

D’après lui, les femmes et les jeunes qui s’opposent à l’oppression et à l’injustice sont prêt.es à tout, et leurs revendications sont claires. Il souligne que le peuple Kurde n’a pas été le seul à être affecté par l’assassinat de Jîna Amini : « Le malaise suscité par cette atrocité a touché tout le peuple iranien. Les protestations ne se sont pas bornées au Kurdistan : l’Iran aussi, sur tout son territoire, a connu des révoltes, ce qui est à notre avis un développement remarquable. Aujourd’hui, se lever signifie entendre sa conscience et défendre la démocratie et la liberté au cri de « Jin jiyan azadi ».»

Ne tombez pas dans les pièges tendus par le régime

Heften encourage le peuple à être vigilant et lucide, car « le danger ne provient pas uniquement du régime, mais également de ceux qui s’y opposent en apparence et qui pourraient envisager d’attirer les contestataires dans leurs filets. Le peuple ne doit pas se faire leurrer par le régime et par ces groupes, et il ne faut pas abandonner l’objectif principal de démocratie et liberté. »

Quant aux préoccupations soulevées sur la question du nucléaire par les pouvoirs globaux et les organisations internationales, qui mettent la pression sur l’État iranien à ce sujet, il déclare : « Encore plus redoutable que la possession d’armes nucléaires par le régime, c’est son manque de démocratie et de liberté. »

« les communautés et groupes religieux et ethniques d’Iran doivent fédérer leurs moyens en créant un front de la démocratie, afin de doter cet soulèvement naissant d’un programme. »

Le succès nécessite une lutte commune.

En soulignant que ces protestations peuvent porter leurs fruits si l’on mène une lutte commune, sous le signe de l’unité, le représentant met également en garde contre les dangers qui menacent : « Si l’on laisse le fardeau de la résistance peser sur les épaules du peuple, le régime pourrait en profiter pour retourner son soutien en sa faveur. C’est pourquoi, les communautés et groupes religieux et ethniques d’Iran doivent fédérer leurs moyens en créant un front de la démocratie, afin de doter cet soulèvement naissant d’un programme. C’est la seule façon de réussir. […] Ce front de la démocratie devra jouer un rôle historique et couvrir également les Kurdes et le Kurdistan. Cela est crucial pour nous. Les deux fronts devraient se doter d’une feuille de route : aujourd’hui, les peuples d’Iran nous mettent face à nos responsabilités en payant un prix fort, et nous nous devons d’honorer cette obligation. »

Appel aux régions du Loristan, d’Ilam et de Kirmenshan à rejoindre la résistance

Mazlum Heften lance un appel aux habitant.es des régions du Loristan, Ilam et Kirmenshan, afin de les inciter à intensifier encore davantage la résistance : « Ces régions ne devraient pas rester en silencieuse face à l’oppression et aux persécutions perpétrées par l’État iranien. Nous devons réagir. C’est un devoir humain. L’histoire nous le demande. […] Les femmes et les Kurdes, qui sont les cibles principales de ce système d’oppression, se soulèvent encore une fois aujourd’hui. D’autres personnes et groupes devraient porter ensemble cette lutte, devraient dire « ma sœur, mon frère ont été attaqués et assassinés », et se joindre à la résistance. Les lois du régime sont inhumaines et ne devraient jamais être acceptées : il est essentiel de modifier la Constitution, sous le signe de la démocratie et de la liberté. »