Nouvelle attaque sur le Rojava

Nov 20, 2022A la une, Actualités

Nous regroupons dans cette article d’actualité les informations sur la nouvelle attaque de l’armée turque sur les zones sous contrôles de l’Administration Autonome du Nord et de l’Est de la Syrie qui a lieu dans la nuit du 19 au 20 novembre 2022.

Nouvelle attaque turque sur le Rojava

Dans la nuit du 19 au 20 novembre, l’armée turque a lancé une nouvelle attaque contre les territoires contrôlés par l’Administration Autonome du Nord et de l’Est de la Syrie, ainsi que plusieurs zones en Irak. Les avions de guerre turcs ont bombardé les villes de Kobanê, Derîk, Girê Spî, Şehba, Zirgan en Syrie. En Irak, Shengal et les monts Qandil et Asos ont aussi été la cible des bombes.

Dès l’attentat d’Istanbul qui a endeuillé la ville la semaine passée, le régime turc avait rendu clair son intention de s’en servir comme prétexte pour déclencher une guerre contre le Rojava, et ce quand bien même tout montre qu’aucun parti kurde n’avait quoique ce soit à voir avec l’explosion. 

Réagissant à ces attaques, le commandant des Forces Démocratiques Syriennes, Mazlum Abdi, a expliqué que “aucune distinction n’a été faite entre les civils et nos points militaires. Il n’y avait pas non plus de distinction entre les forces de l’État syrien et nos forces. Nous avons des martyrs et des blessés. D’après les informations que nous avons reçues, les attaques vont se poursuivre pendant un certain temps encore.

Rappelant qu’ils avaient annoncé qu’ils n’avaient aucun lien avec l’explosion d’Istanbul, qui a servi de justification aux attentats, Abdi a déclaré : “Le monde entier le sait. Aucun parti kurde n’a quoi que ce soit à voir avec l’attaque terroriste visant des civils.” 

Affirmant que la Turquie veut se “venger” et évacuer la région, Abdi a ajouté : “C’est une manoeuvre d’Erdogan pour les élections. De telles attaques ne pourront jamais briser notre volonté. Nos forces étaient prêtes pour ces attaques. Par conséquent, nous ne pensons pas qu’ils causeront de grands dommages à nos forces. Mais si l’État turc poursuit ses attaques, tout le monde en souffrira. Nous ne voulons pas qu’une grande guerre éclate. Mais si l’État turc insiste pour nous faire la guerre, nous sommes prêts à une grande résistance. La guerre ne se limitera pas à cette région mais s’étendra partout et tout le monde sera affecté par cette guerre. Nous appelons toutes les personnes concernées à remplir leurs devoirs et à mettre fin aux attaques brutales de l’État turc.”

Le commandant a conclu en disant que : “Selon les informations que nous avons reçues, les bombardements vont se poursuivre un peu plus longtemps. Actuellement, il n’y a aucun mouvement terrestre des forces turques.

Localisation des attaques du 19 novembre

Premiers bilans

Selon les dernières informations sur les frappes aériennes de la Turquie dans le nord et l’est de la Syrie, 11 civils, dont un reporter de l’agence ANHA, ont été tués et 6 personnes, dont 1 journaliste, ont été blessées. 15 soldats de l’armée syrienne ont également été tués dans les frappes aériennes.

La Turquie a bombardé les villes de Kobanê, Sehba, Girê Spî, Zirgan et Dêrik dans le nord et l’est de la Syrie la nuit dernière. L’agence ANHA a compilé les victimes des attaques. Ainsi, 2 civils ont été tués dans le village de Teqil Betil à Dêrik. Les personnes se rendant sur les lieux bombardés ont également été prises pour cible. Lors du second bombardement, 7 personnes ont perdu la vie. 3 personnes ont également été blessées. Le reporter de l’ANHA, Isam Ebdullah, figurait parmi les personnes tuées. La technique dite du “double tap” consistant à frapper deux fois au même endroit pour toucher les personnes venues porter secours aux victimes est pourtant internationalement condamnée. 

Isham Abdullah était journaliste pour l’agence ANHA. Diya Hogir (Hediye Abdullah) était membre de la branche femmes des Forces de défense de la société de Derîk.

 

ZIRGAN

Outre le village de Til Hermel au nord de Zirgan, des entrepôts de blé ont été bombardés dans le village de Dehril Ereb. 3 personnes ont été tuées et 3 personnes ont été blessées. Dans le même bombardement, 3 soldats du gouvernement de Damas ont été tués et 5 ont été blessés.

GIRÊ SPÎ

La position militaire du gouvernement de Damas dans le village de Qizelî près de Girê Spî a été pris pour cible. Un soldat a été tué et deux ont été blessés dans l’attaque.

KOBANÊ

La route de la forêt de Jarablus-Kobanê, le quartier de Kaniya Kurdan, le village de Helinc à l’est de la ville et la colline de Miştenûr ont été bombardés. Les avions de guerre ont bombardé la colline Miştenûr une fois de plus à 09h30 aujourd’hui. Un hôpital dédié aux malades du Covid a été détruit.

Le journaliste de Stêrk Tv qui suivait les attaques a été blessé.

SHEHBA

Dans l’attaque contre le point des forces gouvernementales de Damas dans le village de Şêwarxa à Shera, 10 soldats ont été tués et 5 soldats ont été blessés.

hopital corona

Mise à jour du 21/11/2022 :

Isam Abdullah, correspondant de l’agence ANHA, Hussein Ali, Jijek Harouni, Hilal Qassem, Hadiya Abdullah, Obaid Khaled, Mahmoud Ali, Fayez Abdullah, Nuri Jiftji, Hussein Khaltou, Mazen Ossi, victimes des bombardements turcs, ont été inhumés au cimetière Sehid Khabat Derik, à Derîk. Au cours de la cérémonie, le coprésident du Conseil exécutif de l’administration autonome démocratique de la région de Jazira, Talaat Younes, a critiqué le silence des forces internationales affirmant “qu’elles donnent des armes aux suceurs de sang de notre peuple.

 

En fin d’après-midi, une frappe de drone a touché le village de Malikiye, près d’Amudê. Il y aurait un mort et deux blessés.

 

Appels et réactions

Immédiatement après les attaques, des manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes. Le mouvement kurde appelle toutes les forces politiques et sociales à réagir face à ces attaques, et à participer aux rassemblements de protestation organisés.

Dimanche 20/11 :  

📌 Rennes – 14h – Colombiers

📌 Genève – 13h – 18 Rue du Mont-Blanc

📌 Bruxelles – 13h – Gare Centrale

📌 Marseille – 14h – Réformés

📌 Montpellier – 13 h – Place de la Comédie

📌 Strasbourg – 14h – Gare

📌 Draguignan – 14h – Gare Nice ville

📌 Drancy – 15h – Centre kurde

📌 Mantes la Jolie – 14h – Centre kurde

📌 Evry – 15h – Gare

📌 Villiers le bel – 15h – Gare

📌 Toulouse – 15h – Jean Jaurès

📌 Paris – 15h – République

📌 Villeneuve Saint Georges – 14h – Mairie

📌 Reims – 16h – Place d’Erlon

📌 Creil – 16 h – Centre kurde

📌 Rouen – 15h – Zenith

📌 Brest – 18h – Place de la liberté

📌 Lorient – 19h – Fnac

📌 Bordeaux – 13h – Gare St Jean

📌 Nantes – 15h – Gare

Le CDK-F a réagi aux attaques dans un communiqué.

 

Conseil exécutif du Congrès national du Kurdistan (KNK) : Halte à l’agression militaire turque contre le Kurdistan !

Le 20 novembre à minuit, les avions de guerre turcs ont commencé à bombarder des hôpitaux, des écoles et d’autres cibles civiles au cœur de Kobanê ainsi qu’aux alentours. Le village de Belûniyê à Shehba, au sud-ouest de Kobanê, qui est maintenant peuplé de Kurdes déplacés d’Afrin, ainsi que le village de Teqil Beqil près de Qerecox à Dêrik dans la partie orientale de la région autonome du nord et de l’est de la Syrie font partie des régions bombardées. Les avions de guerre turcs ont également pris pour cible le dépôt de blé dans la région de Dahir al-Arab près de Zirgan ainsi que plusieurs zones dans les monts Qendil et Asos au Kurdistan du Sud (nord de l’Irak).

L’attentat terroriste de Taksim, à Istanbul, le 13 novembre, a été planifié et exécuté par le régime AKP-MHP au pouvoir en Turquie pour fournir un prétexte à ces bombardements meurtriers. Sans aucune enquête, le régime turc a imputé cette attaque aux Unités de protection du peuple (YPG), aux Unités de protection des femmes (YPJ) et au Parti des travailleurs et travailleuses du Kurdistan (PKK). Malgré le rejet immédiat et véhément de cette accusation sans fondement par les Forces démocratiques syriennes (FDS, l’organisation qui chapeaute les YPG et les YPJ) et le PKK, le ministre turc de l’Intérieur, Süleyman Soylu, qui a un long passé d’hostilité envers le peuple kurde, continue de prêcher ce mensonge au nom de l’État turc.

Une fois de plus, l’État turc lance une campagne d’agression contre les Kurdes – sans aucune provocation de leur part – afin de détourner l’attention des divers problèmes de la Turquie après deux décennies de règne sans partage de Recep Tayyip Erdoğan et de l’AKP. Depuis le 17 avril, le régime d’Erdoğan a attaqué à plusieurs reprises les positions des guérillas kurdes dans le sud du Kurdistan, utilisant plus de 2 700 fois des armes chimiques prohibées. Mais l’État turc n’a rien obtenu avec ces attaques, et les forces turques ont du brûlé les corps de leurs propres soldats pour masquer l’ampleur de leurs pertes. Avec la récente attaque sous fausse bannière à Taksim, Erdoğan et l’AKP-MHP espèrent détourner davantage l’attention de leur défaite au Kurdistan du Sud et justifier l’intensification de leur guerre contre les Kurdes du Rojava/Nord et Est de la Syrie.

Le régime croulant d’Erdoğan ne peut rester au pouvoir qu’en vainquant la résistance historique du peuple kurde à son occupation néo-ottomane du Kurdistan. Avec l’attentat de Taksim, Erdoğan espérait présenter la Turquie comme une victime du terrorisme perpétré par les Kurdes afin d’obtenir un feu vert pour une attaque contre le Rojava lors du sommet du G20 à Bali, et il semble y être parvenu, car le régime turc est incapable d’entreprendre ces attaques sans l’approbation de la Coalition mondiale contre Daech, en particulier des États-Unis.

Si la Coalition mondiale contre Daech est contre cette guerre illégale, alors ses membres doivent immédiatement prendre des mesures fortes par le biais de sanctions économiques, politiques, diplomatiques et juridiques pour forcer la Turquie à se conformer au droit international. Dans le cas contraire, ils porteront également la responsabilité des conséquences du terrorisme d’État turc contre le peuple kurde et les autres peuples du nord et de l’est de la Syrie.

Nous appelons donc les Nations unies, la Coalition mondiale contre Daech, l’Union européenne et les États-Unis à forcer leur partenaire à se conformer à ses obligations légales.

Conseil exécutif du Congrès national du Kurdistan (KNK)
20.11.2022