Sortie du film Kobanê sur Youtube

Le film Kobanê, réalisé par la commune du film du Rojava, est désormais disponible en accès libre sur Youtube avec des sous-titres en français. Loin des inepties cinématographiques dépolitisées et aseptisées comme “Soeurs d’armes”, c’est un film de guerre tourné par celles et ceux qui l’ont vécu. N’hésitez pas à nous contacter si vous souhaitez organiser des soirées de projection.

Faire en sorte que la résistance héroïque et le sacrifice de celles et ceux qui ont défendu Kobanê contre les militants de Daech, supérieurs en nombre et en équipement – mais pas en détermination – ne soit pas oubliés. C’est le leitmotiv qui a guidé l’équipe de réalisation tout au long de la création du film. Özlem Yaşar, le réalisateur, déclarait en 2021 à l’agence Mezopotamya : “Nous n’avons pas écrit le scénario, ce sont les résistant·es qui l’ont fait.“

Le 15 septembre 2014, Daech a lancé une attaque sur trois fronts contre Kobanê, la première ville où l’autonomie démocratique avait été officiellement déclarée après l’expulsion du régime le 19 juillet 2012. La résistance des habitant·es de Kobanê, qui a duré plusieurs mois, a marqué le début de la fin pour Daech. Kobanê, où des milliers de jeunes hommes et femmes sont tombé·es à terre, n’a pas cédé à l’obscurité malgré des moyens limités. Après 134 jours de résistance, le groupe djihadiste a été mis en déroute et la ville a été libérée le 26 janvier 2015.

Le film “Kobanê”, a été écrit par Medya Doz et réalisé par Özlem Yaşar. Il a achevé d’être tourné dans le canton de Kobanê en 2021 par la Commune du film du Rojava (Komîna Film a Rojava) et le Mouvement démocratique pour la culture et l’art (TEV-CAND). La bande-annonce du film a été diffusée à l’occasion de l’anniversaire de la mort du cinéaste Mazdek Ararat (Umer Bagci), qui a perdu la vie dans un accident de la route le 13 septembre 2019.

La première projection du film a eu lieu en septembre 2022 au centre culturel et artistique Baqî Xido de Kobanê. Pour Özlem Yaşar, il était important que les premières projections aient lieu à Kobanê. “Le film a commencé ici. Le film s’est terminé ici. C’est là que nous l’avons tourné et nous voulions y faire la première projection. Celle-ci a suscité un grand intérêt. Ça n’a pas été facile pour les gens de regarder le film, et il a eu un grand impact sur le public. Ceux qui l’ont regardé sont les témoins de cette résistance. Ils connaissaient de très près de nombreuses personnes tombées martyres. La plupart d’entre eux étaient des parents. En regardant le film, de nombreuses personnes ont été touchées et ont dû sortir.” a-t-elle raconté.

La réalisatrice ajoute : « Cette résistance nous a inspiré·es, nous qui avons suivi de près cette période. Nous avons écrit les scénarios en fonction de cette réalité. Bien que nous ayons fait des préparatifs pour tourner le film Kobanê quelques années après la victoire [il y a 4 ans], les attaques de l’occupant turc contre la région ne nous avaint pas permis de le réaliser aussi rapidement. »

Soulignant que la raison d’être du film Kobanê était de faire en sorte que la résistance historique de la ville ne soit pas oubliée, Yaşar a expliqué : “Daech s’est tourné vers Kobanê après avoir commis de nombreux massacres ailleurs. Ces attaques étaient dirigées en particulier contre la révolution des femmes. Celles-ci ont résisté en sachant cela. Les femmes se sont défendues en s’accrochant à la liberté, non seulement dans la lutte armée mais dans tous les domaines. Les femmes ne se sont pas rendues aux ténèbres. Elles ont mené cette résistance, qui se poursuit encore. Une révolution a été faite au Rojava contre une idéologie qui voudrait écraser les femmes. Et cela inspire également d’autres régions du Kurdistan. Les femmes sont actuellement en résistance au Rojhilat. Tout comme il y a eu une résistance contre l’idéologie de Daech à Kobanê, la même résistance est menée contre l’obscurantisme en Iran et les pionnières de la résistance sont des femmes.“

Vous pouvez retrouver sur la chaîne Youtube du film Kobanê :

– la bande-son originale signée Mehmûd Berzî

– le making-off du film

– le film en lui-même, sous-titré en 8 langues