Suruç nous rappelle le sens de l’internationalisme

par Juil 20, 2022A la une, Actualités, Réseau Serhildan

33 jeunes militant·es de Turquie étaient tué·es le 20 juillet 2015 à Suruç. Un attentat perpetré par Daech avec la complicité des services secrets turcs. Le groupe était en route pour Kobanê pour apporter de l’aide humanitaire et participer à la reconstruction de la ville.

Des camarades internationalistes leur ont rendu hommage à Bienne (Jura).

33 jeunes révolutionnaires assassiné-es dans un attentat perpétré par Daech avec la complicité des services secrets turcs. C’était le 20 juillet 2015 à Suruç en Turquie.

Ils et elles faisaient partie d’un groupe de 300 socialistes, communistes et anarchistes qui ont marqué l’histoire de l’internationalisme en décidant de briser l’embargo en se rendant à Kobanê. 300 personnes pour qui la solidarité voulait dire participer à l’effort de construction, apprendre des développements politiques et créer des liens avec celles et ceux qui luttent.

Ils et elles vivent dans le cœur de toutes les personnes qui luttent pour poursuivre les rêves qui leur ont été arrachés. Voici quelques uns de ces rêves :

 Alican Vural 

Alican a toujours été très fou et plein de joie de vivre. Lorsqu’il s’est mis en route pour Kobanê, il n’avait que 19 ans. Sa vie politique a commencé pendant ses études. Enfant d’une famille ouvrière, il a su dès son plus jeune âge ce que signifiait être opprimé. Son dernier message sur Twitter était : « Contre les assassins et ceux qui oppressent les femmes, nous reconstruirons la ville de Kobanê !  »

Alper Sapan

Alper n’avait que 19 ans lorsqu’il a voulu se rendre à Kobanê. Alper était un anarchiste et faisait partie de l’initiative anarchiste d’Eskisehir. Sur le chemin de Kobanê, Alper tenait constamment un journal. Il y notait les idées qui l’animaient sur le chemin telles que ses plans lorsqu’il serait à Kobanê, la manière dont il voulait soutenir les enfants.

Büşra Mete

Büşra a découvert la vie révolutionnaire à l’époque où elle était à l’université ou elle a mené un travail auprès des jeunes femmes. Le plus grand objectif de Büşra était de se débarrasser des modes de pensée traditionnels. Büşra était une jeune femme que les petits plaisirs de la vie rendaient heureuse : du chocolat, des chips. C’était une jeune femme qui aimait beaucoup lire et discuter de ses lectures. Elle a traversé cette vie en riant.

Cebrail Günebakan

La vie révolutionnaire de Cebo a commencé à l’école. Alors que ses camarades de classe écoutaient tous Tarkan, Cebo préférait écouter les chansons kurdes d’Ahmet Kaya. Sur le chemin de Kobanê, il a parlé avec ses camarades du fait qu’il ne pourrait pas passer la frontière en raison de son interdiction de séjour à l’étranger.

Cemil Yıldız

Cemil a mené très tôt une vie révolutionnaire. Il aimait beaucoup lire et analyser. A la question de savoir ce qu’ils ont perdu parmi les jeunes, Cemil a répondu par l’affirmative : « Nous sommes des travailleurs, des travailleurs de la révolution, nous allons aider à construire des terrains de jeux et des hôpitaux. »

 Çağdaş Aydin

Çağdaş s’est mis en route avec son père, Feti. Son père était gravement blessé après l’attentat. Il a raconté qu’ils avaient préparé leurs sacs ensemble. Bien que Çağdaş ait terminé deux universités, il s’intéressait beaucoup plus à la vie révolutionnaire. Que ce soit dans les manifestations pour le climat ou dans les rassemblements de mères de famille contre la disparition de leurs enfants, Çağdaş était toujours en tête.

Evrim Deniz Erol

Son vrai nom était Mücahit, mais il n’a jamais pu se faire à ce nom. C’est pourquoi il se présentait toujours sous le nom d’Evrim Deniz. Dès son plus jeune âge, il a commencé à se poser des questions sur le monde. Ces questions l’ont amené à s’intéresser à l’anarchisme. C’est avec le désir et une grande certitude de faire ce qui est juste qu’il s’est également mis en route pour Kobanê.

Ferdane Kılıç

Ferdane a grandi dans la culture circassienne. C’est à travers sa culture qu’elle a découvert le mouvement socialiste de gauche. Elle s’est mise en route pour Kobanê avec ses deux enfants, Sinem et Nartan. Elle ne voulait pas laisser ses enfants seuls, mais était également très intéressée par la visite de Kobanê.

Hatice Ezgi Sadet

Hatice, étudiait la culture et l’art lorsqu’elle s’est mise en route pour Kobané. Avant de faire partie du mouvement révolutionnaire, elle aimait se coucher tard et était toujours très paresseuse, raconte sa sœur. Mais après avoir évolué politiquement, elle a changé très rapidement. Hatice a fait preuve de beaucoup d’engagement et les thèmes des enfants et des femmes l’ont particulièrement préoccupée. C’est pourquoi Hatice Ezgi Sadet a décidé très tôt de se rendre à Kobanê et d’y construire des aires de jeux pour les enfants.

İsmet Şeker

Ismet a toujours été une personne très travailleuse. Le fils d’Ismet Şeker a décidé très tôt d’aller à Kobanê pour défendre la révolution, il y est tombé en combattant Daech. Ismet Şeker voulait donc avant tout aller à Kobanê, d’une part pour connaître la ville où son fils a mené le combat pour la révolution, et d’autre part pour prendre part à la reconstruction de la ville.

Kasim Deprem

Kasim a décidé d’aller à Kobanê avec son camarade, Osman Cicek. Sur le chemin de Kobanê, Kasim a dit à ses camarades: “nous voulons traverser cette frontière car une partie de nous se trouve derrière cette frontière”. Kasim voulait aller à Kobanê pour détruire ces frontières, il voulait apporter de la joie et de l’amour aux enfants.

Sezgin Dağ

Sezgin était un membre actif de l’ESP, le Parti socialiste des personnes opprimées. Il a survécu à l’attentat de Daech à Suruç et a été blessé. Il est ensuite arrivé en Suisse où il a demandé l’asile. Cela s’est transformé en piège mortel, car au lieu d’aider Sezgin Dağ immédiatement, les employés du centre d’asile Securitas l’ont envoyé à l’hôpital en taxi. Il est décédé des suites de l’attentat de Suruç et de la politique d’asile raciste de la Suisse le 13.11.2020. 

« Nous sommes les enfants du soleil, nous sommes ceux qui vont à la mort avec le sourire. »

Koray Çapoğlu

Koray s’est toujours intéressé à l’évolution politique de son pays. Il s’énervait toujours lorsque les situations évoluaient de manière négative et se battait toujours contre elles. Koray ne se sentait pas affilié à une organisation ou à un parti. C’est son attitude humanitaire qui l’a poussé à aller à Kobanê. Bien que ses parents aient essayé à plusieurs reprises de le convaincre d’abandonner sa vie politique, ils n’ont jamais réussi. Koray a décidé de mener une vie révolutionnaire et a donc décidé d’aller à Kobanê pour reconstruire la ville.

Medali Barutcu

À l’époque où Medali a décidé de se rendre à Kobanê, il étudiait à l’université de Marmara. En raison de ses positions politiques, il a souvent été attaqué par des fascistes et a fait l’objet d’une procédure disciplinaire de la part de l’université. Dès son plus jeune âge, il s’est demandé ce qu’il pouvait faire pour l’humanité. Il a toujours su ce que cela signifiait d’être opprimé en raison de ses origines. C’est pourquoi il a décidé, en tant que Kurde opprimé, d’aller à Kobanê et d’y construire un bel avenir pour les enfants.

Mert Cömert

Mert Cömert a grandi à Samsun. Il a toujours admiré la résistance révolutionnaire dans la région de la mer noire (Karadeniz). Pendant les protestations de Gezi, il a participé aux manifestations de Samsun. Il a d’abord fait connaissance avec la Fédération de la jeunesse socialiste (SGDF) par le biais des médias sociaux. Lors d’une rencontre, il a ensuite exprimé son souhait de faire quelque chose pour le Rojava en tant que  »Karadenizli ». Il a donc apporté un caractère internationaliste à Kobanê.

Murat Yurtgül

Murat a étudié la psychologie à l’université d’Istanbul. Il était très proche de son camarade Emrullah, qui est également tombé à Suruç. Comme Emrullah, Murat aimait aussi beaucoup lire. Ils aimaient lire les œuvres de Bukowski et en discuter. A la question de savoir pourquoi Murat est allé à Kobanê, ses amis ont répondu que Murat voulait montrer que ce ne sont pas seulement les gens qui se battent avec des armes pour la révolution qui devraient aller à Kobanê. Même les gens qui ont des crayons dans les mains peuvent changer beaucoup de choses dans ce monde. C’est avec cette motivation que Murat a décidé d’aller à Kobané.

Nartan Kılıç

La motivation de vie de Nartan était d’aider les personnes dans le besoin. Il aimait être dans la nature. Il aimait faire des randonnées, s’intéressait à la poésie et aimait lire pendant son temps libre. Il aimait également prendre des photos. Il emportait toujours son appareil photo avec lui et photographiait de préférence la nature. Pendant sa scolarité, il participait aux camps d’été de la Fédération de la jeunesse socialiste. C’est pourquoi il a décidé de participer à la campagne de l’été 2015 et de se rendre à Kobanê.

Nazegül Boyraz

Nazegül a toujours voulu qu’on l’appelle Bahar (printemps). Elle était connue comme la mère du printemps des enfants révolutionnaires. Nazegül a très vite décidé d’aller à Kobanê. Elle s’est dit qu’elle pourrait soutenir les jeunes et cuisiner pour eux. Elle a trouvé l’idée des jeunes très belle et a voulu les soutenir du mieux qu’elle pouvait dans cette campagne

Vatan Budak

Les parents de Vatan voulaient donner à Vatan le nom kurde de Welat. Mais ils ne pouvaient pas prendre le risque de donner un nom kurde à leur fils. Comme ses parents étaient déjà des hommes politiques, Vatan s’est intéressé très tôt aux événements politiques. Il se considérait à la fois comme un anarchiste et un socialiste. Avant de partir pour Kobanê, il a demandé à sa mère de laver son drapeau noir et rouge. Lorsqu’il est devenu immortel à Suruç, il portait un t-shirt d’Alexis, un anarchiste assassiné par des policiers en Grèce. 

Nuray Kocan

Nuray est née à Bursa. Pendant ses études, elle ramenait des livres politiques cachés à la maison et les lisait dans sa chambre. A l’université, elle a appris à connaître de nouvelles organisations révolutionnaires et s’est intéressée de plus en plus à la lutte socialiste. C’est à l’université qu’on lui a parlé de la campagne organisée par la Fédération de la jeunesse socialiste. Elle a très vite décidé de se rendre à Kobanê et a lu de nombreux livres sur la révolution des femmes au Rojava.

Okan Pirinc

Okan Pirinc a découvert la lutte révolutionnaire à l’école. Son ami Emre Asland est devenu immortel à Kobanê. Cela l’a poussé encore plus à aller à Kobanê et à faire partie de la campagne. Il était toujours très ouvert à apprendre de nouvelles choses et à évoluer politiquement. Il a toujours mis la vie collective au premier plan et a voulu, par le biais de cette campagne, s’engager aussi bien politiquement que socialement.

Nazlı Akyürek

Nazli venait de terminer ses études de droit. Dans sa vie privée, elle aimait déjà jouer avec les petits enfants. Elle voulait devenir avocate pour pouvoir lutter contre l’injustice dans le monde. Elle a décidé d’aller à Kobanê parce qu’elle pensait que les enfants sont les moins responsables de ces guerres et ceux qui en souffrent le plus. Sur le chemin de Kobanê, elle rêvait de jouer avec les enfants sur les terrains de jeu.

Osman Cicek

Osman a toujours dû se battre contre la pauvreté. Depuis son enfance, il a toujours dû travailler pour joindre les deux bouts. Avec l’appel de la SGDF (fédération socialiste de la jeunesse) à reconstruire Kobanê, Osman a décidé d’aller lui aussi à Kobanê et de faire partie de cette reconstruction. Comme son ami Kasim, il voulait briser les frontières et montrer qu’il est possible de créer un nouveau monde.

Polen Ünlü

Polen a toujours été une jeune femme très en colère qui ne pouvait pas rester silencieuse face a l’injustice. Elle faisait des blagues drôles même dans les moments les plus inopportuns. Sa mère la décrit comme très têtue. Elle était membre de la SGDF (Fédération de la jeunesse socialiste) et était très active dans la planification de la campagne. La dernière chose qu’elle a postée sur les médias sociaux était : « Des centaines de milliers de femmes porteront ces montagnes avec leur force et vous feront trembler, et pendant ce temps, nous vous étranglerons avec notre rire ».

Serhad Devrim

Serhad est né et a grandi à Mus. Pendant les manifestations de Gezi, il était toujours au front. Serhad a toujours été très prévenant. Il vivait pleinement la vie collective. Il ne mangeait pas si quelqu’un avait faim à côté de lui. Son attitude humanitaire était l’une des raisons de son départ pour Kobanê. Il ne pouvait pas supporter que les enfants ne puissent pas vivre leur enfance à cause du fascisme. C’est pourquoi il a décidé d’aller à Kobanê et d’apporter des jouets aux enfants. 

« Des centaines de milliers de femmes porteront ces montagnes avec leur force et vous feront trembler, et pendant ce temps, nous vous étranglerons avec notre rire. »

Süleyman Aksu

Süleyman était très posé, satisfait et une personne heureuse. Il aimait les danses kurdes et être pris en photo. Sur les photos, on le voit toujours très heureux. Il était toujours très serviable envers son entourage. Il se décrivait comme un militant socialiste. Süleyman voulait aller à Kobanê pour rendre leur enfance aux enfants. Il voulait construire des terrains de jeu pour que les enfants puissent mener une vie  »normale » en dehors de la guerre.

Uğur Özkan

Quand Ugur avait 4 ans, sa famille a dû fuir son village kurde pour Istanbul. Son père a été emprisonné pendant des années. Alors qu’il étudiait à l’université, il a fait la connaissance du SYKP (nouveau parti socialiste). Parce qu’il a choisi la vie révolutionnaire, il a été renvoyé de l’école. Il a appris très tôt l’existence de la campagne planifiée par la Fédération de la jeunesse socialiste et a collecté très tôt des vêtements et des jouets pour les enfants de Kobanê..

Veysel Özdemir

Veysel avait 20 ans, il est né et a grandi à Amed. Avec son frère jumeau, ils ont décidé d’aller à Kobanê. Mais le même jour, son frère jumeau a estimé qu’il n’y arriverait pas et est donc retourné à Amed. Il a vu la campagne dans les médias sociaux. Il a alors décidé de travailler pour pouvoir acheter de la nourriture et des produits d’hygiène aux enfants. Veysel voulait faire plaisir aux enfants de Kobanê et a donc décidé de faire partie de la campagne.

Yunus Emre Şen

Yunus était surnommé  »Keke » par ses camarades. Il est allé à l’université à Ankara. La lutte révolutionnaire a fait partie de sa vie très tôt. Il est devenu membre de la SGDF (Fédération de la jeunesse socialiste). Il s’intéressait beaucoup à l’évolution de la situation au Rojava. Lors des manifestations antifascistes, il était toujours au front. Il aimait beaucoup lire et voulait toujours évoluer politiquement. Ses camarades le décrivent comme une personnalité très dynamique. Il a traversé cette vie en riant.

Duygu Tuna

Duygu a connu les femmes socialistes dès l’an 2000 et a commencé à s’organiser avec des ouvrières. A la maison, elle a subi des violences domestiques ce qui l’a dédicée à divorcer. Plus tard, elle a participé à la grande campagne « Non à la violence envers les femmes ». Duygu a toujours été décrite comme une femme courageuse et joyeuse. Duygu a vécu comme une femme qui s’aimait elle-même, qui aimait la vie et la révolution.

Ece Dinc

Ece n’est pas née dans un environnement révolutionnaire. Ses parents gagnaient bien leur vie et choyaient Ece en tant que fille unique. Après la mort de Berkin Elvan, la vie d’Ece a soudainement changé. Sur une affiche placardée dans la rue, elle a entendu parler d’un congrès du Parti démocrate des peuples. Elle a donc décidé d’y participer, est devenue active en politique et, peu de temps après, membre du PSE.

Emrullah Akhamur

Emrullah a étudié l’histoire à Mersin. Il a toujours été très friand de livres. Sa lecture préférée était celle de l’écrivain Bukowski. Il s’intéressait également aux pièces de théâtre et à la poésie. Bien qu’Emrullah ne se considère pas comme appartenant à une organisation politique, il a toujours été connu pour son attitude humanitaire. C’est pourquoi il a décidé de participer à la campagne de reconstruction de Kobanê.

Erdal Bozkurt

Erdal était un père de trois enfants. Il avait deux filles et un fils. Sa femme raconte qu’elle n’a appris que très tard qu’Erdal voulait aller à Kobanê. Elle le décrit comme une personne très aimable. Il s’est toujours engagé contre l’injustice. Sa femme dit en outre qu’elle est certaine qu’Erdal, en tant que père de deux enfants, s’est mis en route pour Kobané, surtout pour les enfants.

A. Ezgi Şalcı

La vie d’Ezgi a commencé à Ordu 22 ans avant son voyage à Kobanê. Elle a passé sa scolarité à Samsun. Elle a découvert les luttes révolutionnaires dès sa première année de lycée, où elle s’est également engagée dans la SGDF (Fédération de la jeunesse socialiste). Elle était une femme courageuse et ne reculait pas d’un pas devant la police lors des manifestations. Malgré le fait qu’elle était hétérosexuelle, Ezgi était l’une des figures de proue de la lutte LGBTI+. Avant de partir pour Kobanê, elle a écrit dans un message : « Nous sommes les enfants du soleil, nous sommes ceux qui vont à la mort avec le sourire ».